Où voir et revoir les spectacles que nous avons adorés ou un peu moins aimés de la 77e édition du Festival d’Avignon ? La réponse est ici :
Comme le veut la tradition, le Festival d’Avignon a accueilli le lauréat du Prix Impatience 2023, en l’occurrence Le Beau Monde, une création collective d’Arthur Amard, Rémi Fortin, Simon Gauchet et Blanche Ripoche qui nous entraîne dans le passé, exactement en été 2023. C’est génial et frais. À voir du 12 au 23 septembre 2023 au Centquatre ( et nous parions fort, que le passé aura exactement ces dates pré-automnales)
En guise de clôture somptueuse, Tiago Rodrigues est redevenu comédien pour un soir pour nous transmettre le sonnet 30 de Shakespeare comme il le fait depuis 2013.
Une seule date française pour le moment : les 23 et 24 septembre au Théâtre Garonne à Toulouse.
Le théâtre qui fait tout de rien, le théâtre au ventre de Gwenaël Morin, riche et pauvre, regarde la pièce qui parle le plus de théâtre, le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare. Du 27 septembre au 20 octobre à la Villette
Sur le papier, G.R.O.O.V.E était l’un des spectacles les plus attendus du festival d’Avignon. Et, à plusieurs titres : cela faisait très longtemps que l’ouverture ne s’était faite par de la danse, encore moins de la danse hip hop, et présenter un format de trois heures déambulatoires est carrément une première fois. Mais ce G.R.O.O.V.E a crucialement manqué de rythme. Peut-être le trouvera-t-il lors de ses dates parisiennes, au Centre Pompidou les 5 et 7 octobre 2023.
Dans une programmation 100% « artiviste », la pièce des icônes catalanes de la danse a fait figure d’une belle respiration. Un shoot de beauté qui a mis à égalité la musique, la danse et le chant. Efficace et très élégant.
Aucune date parisienne mais pas trop loin : À la Condition Publique, à Roubaix, les 19 et 20 octobre 2023.
La dernière création de la reine flamande prend racine dans les pas et le blues pour une pièce qui renouvelle son écriture vers une forme très collective. Une bombe où de jeunes danseurs et danseuses agissent sur scène comme… une tempête, shakespearienne bien sûr !
Du 25 au 31 octobre au Festival d’Automne
De l’humiliation de la première image à l’enracinement de la puissance de la dernière, Carte noire nommée désir nous entraîne dans un tourbillon où l’on rit et on pense, en même temps. Carte noire nommée désir, le génial, percutant et nécessaire manifeste anti-raciste de Rébecca Chaillon sera à l’Odéon, ateliers Berthier du 28 novembre au 17 décembre, n’en déplaise aux rageux !
L’immense chorégraphe s’empare de la série H 24 d’Arte pour la traduire en corps parlés. Une pièce militante à la beauté et à l’énergie urgentes.
À voir au Théâtre de la Cité Internationale du 29 novembre au 2 décembre 2023.
Dans un spectacle en trois parties, le metteur en scène explore l’Autriche d’avant et d’après-guerres par le biais des regards acerbes d’Arthur Schnitzler à Thomas Bernhard et approche la fin de l’espèce humaine. C’est du Gosselin, c’est magistral !
Milo Rau applique à la lettre son Manifeste de Gand dans cette pièce qui fait dialoguer la tragédie antique d’Antigone et la tragédie d’aujourd’hui, précisément le massacre du 17 avril 1996, dans l’Eldorado do Carajás. Son théâtre sur-réél est à voir du 6 au 9 décembre 2023 à la Villette.
Pour nous, la plus grande déception de ce festival. Une pièce élégante mais très peu travaillée sur la question des filiations du voguing. Faites-vous votre propre avis du 7 au 9 décembre à la Villette.
À la suite de l’annulation des Émigrants de Krystian Lupa qui a tyrannisé les équipes de la Comédie de Genève, le Festival a dû trouver un remplaçant. À tout seigneur, tout honneur, le directeur, qui est aussi un génial metteur en scène, a proposé la seule et unique solution possible, présenter un spectacle déjà prêt. Il nous offre une pièce qui marque déjà l’histoire du festival d’Avignon par son urgence vitale.
À voir les 10 et 11 janvier 2024 à la Maison des arts et de la culture de Créteil
Aucune date pour l’instant pour LE plus gros choc de cette édition. A Noiva e o Boa Noite Cinderela de Carolina Bianchi, une performance incarnée sur « la drogue du violeur ». La pièce tourne en Europe . En France, il sera possible de le voir du 31 janvier au 2 février 2024 au Maillon à Strasbourg.
Patricia Allio invente le meeting théâtral dans une agora citoyenne totalement neuve. C’est un spectacle qui vous ordonne d’agir sans dogmatisme, juste une énorme dose d’humanité. Et comme tous les spectacles de la 77e du Festival d’Avignon, sans perdre ni en dramaturgie ni en esthétisme de forme.
Du 21 au 31 mars 2024 au Théâtre Silvia Monfort
Tu te souviens ? C’est la question qu’adresse le performeur japonais-autrichien Michikazu Matsune à l’immense chorégraphe Martine Pisani, malade depuis plus de vingt ans. Kono atari no dokoka (“Quelque part par ici”) fait tomber le dernier tabou qui règne sur le spectacle vivant : montrer la maladie, montrer l’empêchement et l’oubli pour justement, que nous, nous puissions garder collectivement la mémoire de la danse de Martine Pisani.
Ok, on triche : les 9 et 10 avril 2024 à la Maison de la Culture d’Amiens.
Au cœur de la nuit jusqu’à midi, Clara Hédouin nous avait invité.es à une vraie randonnée de six heures, marquée par dix tableaux et un épilogue. Une immersion épuisante dans l’œuvre majeure de Jean Giono, à ce moment-là à domicile, dans la forte chaleur provençale. Arrivée en avril en Île-de-France, la pièce devrait être bien plus facile d’accès. Chaussez-vous très sérieusement, prenez à manger avec vous et vous assisterez dans des conditions merveilleuses à du très grand théâtre.
Les 13 et 14 avril 2024 au Théâtre Nanterre Amandiers. Hors les murs sur le site de Port Royal des Champs dans les Yvelines
L’ouverture très politique de la 77e édition aura demandé aux spectateurs et spectatrices de regarder en plan large et vers le bas, le tout en bas de la société. Pour retrouver toutes « les personnes suivantes »ce sera du 3 au 5 mai 2024 à la Villette.
Sans doute l’œuvre la plus poétique et radicale du festival. En orfèvre du second degré, Quesne ordonne à son petit monde de faire très sérieusement des actes totalement absurdes. Un chef-d’œuvre qui devra se recréer dans chaque lieu où il se donnera, notamment, à la MC93 du 20 au 25 octobre 2023.
Pourquoi nous ? Encore et toujours, David Geselson s’interroge et nous interroge sur ce qui fait de nous des humains aux émotions dépassant toute rationalité scientifique. Bijou.
Au Théâtre Gérard Philipe à St Denis du 28 février au 11 mars 2024 puis le 4 avril au Théâtre de Choisy-le-Roi.
The Confessions, texte et mise en scène Alexander Zeldin (artiste associé à l’Odéon) du 29 septembre au 14 octobre à l’Odéon 6e et ANGELA [a strange loop], texte et mise en scène Susanne Kennedy du 8 au 17 novembre à l’Odéon-Berthier.
Pour dévorer Le seule en scène freak All of it, revoir encore et encore En Attendant et se promener dans les Paysages partagés, revivre la joute verbale entre Baldwin et Buckley…il faut attendre. Nous vous tiendrons au courant, promis !
Visuel : ©Christophe Raynaud de Lage