Philippe Catoire dans un seul en scène intimiste interprète la comédienne Valentine Tessier. Sous la forme d’un interview, la comédienne raconte le théâtre privé du début du 20ᵉ et l’on rencontre Jouvet, Michel Simon ou Copeau. Les rires capitonnent le ravissement soutenu.
Lorsque Jean Renoir entreprend la réalisation de Madame Bovary en 1934, il souhaite théâtraliser le personnage d’Emma. Il choisit alors Valentine Tessier pour interprète. Le nom de la comédienne, que Colette avait surnommée la toute femme, était à ce moment-là étroitement associé aux grandes aventures théâtrales du début du siècle.
Valentine Tessier est née en 1892 à Paris d’un père né à Odessa en Russie, et d’une mère née à Saint-Pétersbourg. Elle suit les cours d’art dramatique de Paul Mounet, tente cinq fois en vain d’entrer au Conservatoire, découvre le Théâtre du Vieux-Colombier en 1913 où Jacques Copeau l’engage et lui fait jouer Grouchenka dans Les Frères Karamazov avec Louis Jouvet et Charles Dullin. Elle y jouera également Le Misanthrope, La Nuit des rois, La Locandiera, Le Carrosse du Saint-Sacrement, Le Pain de ménage et de nombreuses autres pièces. À la fermeture du Vieux-Colombier en 1924, elle suit Louis Jouvet à la Comédie des Champs-Élysées puis à l’Athénée. Après la guerre, elle joue principalement au théâtre, on l’applaudira dans La Mouette d’Anton Tchekhov, mise en scène d’André Barsacq, dans Dommage qu’elle soit une putain de John Ford, mise en scène de Luchino Visconti ou dans L’Idiot de Dostoievski, mise en scène d’André Barsacq. Au cinéma elle jouera dans de nombreux films dont : Abus de confiance d’Henri Decoin, Justice est faite d’André Cayatte, French Cancan de Jean Renoir, Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy, Églantine de Jean-Claude Brialy.
C’est en mars 2020 que Philippe Catoire découvre l’interview télévisée datant de 1973 de Valentine Tessier. La rencontre des deux comédiens est merveilleuse. Philippe Catoire invite Valentine Tessier. Puis, il s’enveloppe d’une belle écharpe, s’installe dans un fauteuil d’osier et se glisse dans la peau de Valentine. Nous ne saurons rien sur sa vie privée, car il s’agit de rendre compte d’une carrière, d’une vie de comédienne qui chemine dans le siècle. La diva espiègle au caractère bien trempé raconte sa vie dédiée à son art autour de rencontres, de bonheurs, de joies et aussi de déceptions. De belle humeur, elle nous fait croiser les célébrités et les moins connus. Phlippe Catoire imitent avec gourmandise (la nôtre également) Jouvet, Michel Simon, Brialy et quelques autres.
Le spectacle avance comme une photographie sépia où l’on (re)vit une période si féconde d’un théâtre français, qui annonce le nôtre. L’expérience spectateur réside dans ce voyage dans le temps ; son plaisir se double de la voix monumentale et inoubliable de Philippe Catoire.