Une visite acrobatique au Musée des Beaux-Arts du Mans

Le public d’Axis Mundi est invité à se coiffer d’un casque audio dès son arrivée dans la première salle du musée. C’est de là qu’il partira à la découverte de cette (petite) grande forme signée Lucas Struna. Il s’agira de suivre ce maître de cérémonie silencieux dans les différentes salles du musée pour entrer dans un musée d’un niveau genre.

Un musée vivant pour l’acrobatie

En cinq « stations », les acrobates nous permettent de porter un regard nouveau sur cette discipline millénaire inventée en des temps où l’on ne parlait pas encore de cirque. Des noms de figures classiques de l’art acrobatique nous sont comme soufflées à l’oreille : le macaque, la feuille morte, le papillon..Elles sont exécutées tour à tour par les quatre interprètes puis enchainées. Et c’est là que tout la magie opère. L’on passe d’un vocabulaire technique aride à une grammaire, une écriture stylisée. Chaque artiste effectue les mêmes prouesses et pourtant nous ne voyons pas la même chose…c’est la définition même de la relation entre un-e artiste et celui ou celle qui le-la regarde.

Un regard nouveau sur le corps en mouvement

Plus loin, dans une vitrine comme l’on en voit dans les musées pour protéger les œuvres ou sur des podiums d’exposition, les acrobates effectuent contorsions, figures, prouesses. Rien d’étonnant, somme toute…mais leur témoignage est diffusé dans le casque : pourquoi avoir choisi l’acrobatie, leur préférence pour le solo ou le travail de groupe, leurs douleurs physiques et psychiques. On est alors saisi par ce qu’il faut de contraintes, de renoncements, de blessures pour arriver à faire un pont parfait. Et l’on comprend qu’il en va d’un sentiment d’urgence de vivre, de supporter non sa douleur physique mais le poids du monde.

« On n’y voit rien » nous disait le grand historien de l’art, Daniel Arasse. Grâce à Axis Mundi, on n’y voit un peu plus. Peut-être au delà de la prouesse et vers le plus intime des artistes et de fait..du public.