Marik Renner est-elle une vampire ? Nous allons y croire durant une heure dans la jolie salle du Théâtre Dunois, à ce rêve splendide et dense. Ce road-trip mental et mise en musique par le talentueux Marien Tillet est une expérience forte.
Elle se présente à nous pour se confesser, pour passer en revue une vie de prétendue vampire. Une vie de femme volontaire, amoureuse, une femme littéraire aussi, car elle a décidé de pratiquer une introspection poétique au cours de laquelle elle va s’autoriser, catharsis thérapeutique suprême, toutes les revisitations, toutes les réinterprétations. Elle va s’autoriser à mêler ses fantasmes à la réalité.
Le texte est formidable. Il nous offre deux réflexions fondamentales. D’abord, dans un élan littéraire, ce vampire s’interroge sur la mémoire de nos vies qui n’est opérante qu’à la condition qu’elle nous impose à la réactualiser sans cesse. Ensuite vient, gourmandise psychanalytique, succulente immersion au plus profond de nos inconscients, la question de l’amour dans un biais féroce, cruel, agressif. La pièce formidablement innovante brasse le sentiment d’amour et celui cette emprise anthropophagique. Le texte est merveilleux et édifiant.
Pour nous y immerger au bord de la rupture de sens et de la chute de mémoire, il fallait le talent de Marik Renner qui envahit l’espace et magnétise la salle. Il nous fallait aussi l’immense puissance poétique de Marien Tillet (Deux soeurs) que l’on ne présente plus.
Une pièce sublime.