« Y’a pas de mal » une ode au plaisir dans le OFF d’Avignon

par Anne Verdaguer
le 11.07.2023

Elles préviennent dès le début : ce n’est pas participatif (ouf) mais… ce sera le spectacle le plus chaud d’Avignon ! Et on veut bien les croire. « Y’a pas de mal » parle de … masturbation…

Plaisir solitaire

Oui il s’agit bien dans « Y’a pas de mal » de plaisir perso. De branlette. D’onanisme quoi. Appelez ça comme vous le voulez. Et qui d’autres que ces deux comédiennes suisses ont la grâce et l’humour nécessaires pour aborder ce sujet délicat ? On ne voit pas.

Dépasser la Gêne

On entre dans la salle avec, il faut le dire, un peu d’appréhension. De la gêne ? oui aussi. Mais heureusement, on est vite mis à l’aise. Et on entre très vite dans le vif du sujet. La masturbation un acte solitaire ? Sûrement pas répond l’une. De l’achat du premier simulateur prostatique à l’expérience dans un cinéma porno, les deux comparses vont balayer large. Comment en parler autour de soi ou à ses parents par exemple ? ou pas… Et la religion dans tout ça ? Et le voyeurisme ?

Du théâtre documentaire ?

Sur le plateau, se succèdent de multiples personnages qui existent dans la vraie vie. Car les deux comédiennes qui sont aussi autrices, sont allé à la rencontre de 6 personnes, d’âges et de genres différents pour restituer leur parole brut, mot pour mot, bafouillage et tics de langage compris. Ces témoignages permettent une juste mise à distance avec leur sujet. On imagine les heures passées à mettre en confiance, rassurer, interroger sur cette thématique ô combien taboue !

D’ailleurs, Amélie Vidon et Alenka Chenux le disent volontiers : « Notre travail s’articule autour des tabous, de « ce qui se dit » et « ce qui ne se dit pas ». On s’amuse à réinterpréter ces paroles, et à nous les approprier pour qu’elles deviennent les nôtres. Et on avait envie d’avoir le témoignage de personnes qui ne connaissent pas le théâtre pour avoir des mots qui sont très proches de chacun et chacune et porter une parole libre. C’est ce qui nous touche : avoir un thème très complexe, la masturbation, dit par des gens de façon très naturelle ».

L’humour contre les tabous

Ce qui est dénoncé aussi, c’est l’hypocrisie autour de la sexualité. En donnant à entendre l’histoire de personnes de tous horizons, elles ouvrent la parole et libèrent ce qui est pour chacun, la découverte des sensations.

Le tout est très maîtrisé et très drôle aussi, et les comédiennes semblent avoir trouvé le juste dosage entre sexualité, humour et légèreté, avec aussi du chant, du mime… sans jamais tomber dans le glauque, un sacré pari !

« Y’a pas de mal », conception et mise en scène Amélie Vidon et Alenka Chenuz, avec Amélie Vidon et Alenka Chenuz, création lumière Émile de Gautard, conception musicale Éric & Alexis Rüegger, costumes Augustin Rolland, régie Morgan Luciani, regards extérieurs Sarah Calcine et Adrien Mani, production compagnie Alors Voilà, administration et production Adrien Mani, diffusion Rebecca Martin. Durée 1h, tout public à partir de 14 ans.

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