Dans le cadre de la saison lituanienne en France, le Théâtre de la Ville propose un focus des plus passionnants. Ce 5 octobre, un public âgé de 7 à 77 ans redécouvrait la grande histoire de l’humanité en version miniature.
La date du jour est inscrite sur un grand écran face à nous. Au sol, on devine un petit, mais alors tout petit décor composé de rebus d’ordinateurs. Imaginez : des disques SSD, des disques durs internes et externes, des restes de serveur, des bouts de clés USB, des cartes mémoire, des processeurs, des lecteurs de cartes mémoire, des boîtiers pour disques durs, et tout cela rassemblé donne une ville au fond de laquelle une usine crache de la pollution, constituée d’une centaine de ruelles, toutes ornées de bâtiments. Un autre ensemble plus petit est le centre de vie des deux principaux protagonistes de cette histoire : un maitre et son chien, en l’occurrence une résistance sur fils et une pile carrée type 9V.
Les marionnettistes et co-auteur·rices Monika Mikalauskaitė Baužienė, Vytautas Kairys et Kęstutis Bručkus manipulent les éléments de cette version vraiment geek de Minecraft. Ce qui est fou, c’est que l’histoire prend forme, un peu par surprise, au gré des focus que la caméra, portée de façon aléatoire par les artistes, nous montre. La pièce part de la naissance de la vie sur terre, grâce à deux fils électriques qui se touchent, elle nous projette ensuite dans le monde d’aujourd’hui avec un petit côté, « tout ça pour ça », tant la vie dans cette ville semble futile. Les « gens » trainent dans les rues pavées (des claviers) et nos personnages principaux aiment bien trainer devant le foot (une partie de Pac-Man) à la télé (un smartphone cassé). Et ça prend, on fond pour ce chien-pile très attachant et on tremble quand la pluie tombe sur ce monde en métal.
Big Bang condamne avec minutie nos occupations illégales, nos pillages écologiques. Le décor est un acte en soi, tout ce qui est posé là ne sert plus. Cette décharge numérique est sublimée, elle devient un monde onirique, mais à quel prix ? Le récit questionne sur un retour possible à une nature verdoyante, à une réflexion sur les origines de notre civilisation. Elle nous demande de relire les inscriptions primitives sur les grottes, de porter attention aux traces. La pièce est sans paroles, mais elle n’est pas vide de son. Le trio s’éclate à nous parler en onomatopées très « Télétubbies » et la musique électro de Kobe Shmueli finit de nous entrainer dans ce monde miniature qui devient un grand spectacle.
Le focus Lituanie se déploie toute la saison
Visuel : ©Théâtre de la Ville