Aucune édition d’un festival ne peut être parfaite de bout en bout. Il y a quelques fois des incompréhensions. Terminal, sous-titré L’État du Monde, est une pièce incompréhensible dans son fond et dans sa forme qui charrie des lapalissades par kilos aussi lourds que le décor qui enlaidit le cloître des Célestins.
Les comédien.ne.s Anabela Almeida, Vasco Barroso, Miguel Fragata, Carla Galvão et les musicien.ne.s Manuela Azevedo, Hélder Gonçalves nous attendent alors que nous entrons dans le cloître. Les Célestins ont la particularité d’avoir en leur centre deux platanes immenses et tout autour des allées aux ogives intactes. C’est superbe. Les compagnies y collent rarement un décor tant le lieu est déjà chargé. Nous sommes donc un peu décontenancé.e.s de voir le sol en terre être rempli de fausses racines, beaucoup de fausses racines. Il y a aussi un bloc de trois fauteuils de théâtre, un piano et des guitares. Les comédien.ne.s sont vêtu.e.s de costume mi-médiévaux, mi-futuristes qui nous laissent un peu perplexes quant à leur bon goût. Mais cela peut être un choix propice au propos, à ce moment-là, nous sommes d’accord pour nous laisser porter.
Malheureusement, les comédien.e.s et Manuela Azevedo se lancent dans un récit fumeux autour du monde d’avant et du monde d’après. Tout y passe, de la complainte écologiste au pamphlet basique contre le capitalisme. Cela est fait sous l’allure d’un récit pour enfant. On se demande quand le Petit Poucet va venir retrouver le chemin de sa maison tant il est question d’exil et de changement d’ère. Les fausses tensions, les surprises fragiles et les événements racontés finissent par nous lasser très rapidement. L’histoire n’a aucun intérêt, elle enfonce des portes ouvertes dans une esthétique incompréhensible. La langue est omniprésente et les traductions ne nous permettent pas d’accéder pleinement au jeu des comédien.ne.s. Le peu que l’on perçoit nous semble un surjeu bien trop incarné pour abolir les liens entre la scène et le public.
Cette dystopie sur notre monde qui brûle ne fonctionne pas. On ne comprend pas comment un spectacle avec cette esthétique-là a pu passer l’étape de la programmation tant il dissone avec le reste de cette édition.
Visuel : © Christophe Raynaud de Lage
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