Stéphanie Aflalo et Antoine Thiollier nous invitent à une ludique conférence performative qui emprunte son nom à l’un des livres les plus connus de Pierre Bourdieu : L’amour de l’art.
Stéphanie Aflalo et Antoine Thiollier sont rompus à l’exercice du décalage. Tous les deux savent nous faire rire en une attitude, en un ton de voix désabusé. L’amour de l’art se situe dans la même veine que les performances précédentes de la performeuse. Il fait suite à ses Récréations philosophiques et compte trois temps : d’abord une plongée bien foutraque dans les « avant de commencer », puis une analyse de tableaux mythique et enfin, une délicieuse rétroversion du regard posé sur l’art.
Avec impertinence et aplomb, le duo s’amuse à tout tordre. Les symboles des peintures projetées sont sur-interprétées, une tenture rouge derrière Judith égorgeant Holopherne devient un manifeste communiste, c’est donc un tableau de gauche, mais si là se trouvent les couleurs du drapeau français, le tableau est chauvin et donc de droite. Bref, on se marre franchement.
Mais l’amour de l’art n’est pas une simple vanité. La pièce interroge le célèbre plafond de verre. En croisant deux lignes qui s’opposent : regarder avec naïveté les chefs-d’œuvre de la peinture et regarder le quotidien avec des yeux de critiques d’art.
Cette double tension déploie des délicieux ressorts comiques en célébrant au passage notre perception d’œuvres ou de performances qui peuvent nous constituer à un moment et moins après.
Drôle et intelligent !
Au Théâtre de la Bastille jusqu’au 20 janvier, puis du 24 au 27 janvier au Centquatre dans le cadre du Festival Les Singulier·es.
Visuel : © Roman Kane