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06.06.2024 → 14.06.2024

« On m’a trouvée grandie » : une pièce magique mais flottante

par Prune Fargetton
07.06.2024

Des Nuits de Fourvière, on connaît surtout les concerts dans les ruines romaines, pourtant la programmation inclut aussi des spectacles de danse, de cirque, d’opéra et de théâtre, et ce dans toute la métropole lyonnaise. Le 6 juin, Valentine Losseau et la compagnie 14:20 présentaient On m’a trouvée grandie. Une pièce au langage dramaturgique innovant et magique, au point que la façon de montrer prend le dessus sur ce qui est dit, à savoir l’histoire d’une patiente «hystérique» au début du XXème siècle.

Chorégraphie minimaliste et mimique

Assise à une table en bois, Madeleine (Leïla Ka) ne le reste pas longtemps. Les objets se déplacent, la déplacent, sans que l’on puisse identifier les forces qui la régissent. Ce n’est en tout cas plus la gravité : dans une saisissante chorégraphie minimaliste, mimique, elle entre en lévitation, se déplace sur la pointe des pieds. Vêtue d’un capri noir, les cheveux courts et blonds, elle ressemble à la Bibi Anderson de Persona (dirigé par Ingmar Bergman en 1966). 

 

«Hystérie» à la Pitié-Salpêtrière

Pourtant, nous sommes en 1896. Spatialement, la première scène est indéterminée : c’est la seule toutefois où Madeleine est «dehors», avant d’intégrer l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière pour avoir affirmé qu’elle traversait des épisodes de lévitation. La compagnie nous emmène alors dans les chambres austères de cette institution disciplinaire, dans les bureaux de Pierre, le médecin et hypnotiseur obsédé par sa présentation lors d’un futur colloque international.

 

Microphysique du pouvoir

Michel Foucault parlait de la «microphysique du pouvoir» comme outil conceptuel pour «analyser les techniques de pouvoir à petite échelle, [comme] la position […] de la pointe du pied au bout de l’index». En effet : chaussures de contention, séances d’hypnose, thérapies aux noms douloureux, le corps médical tente tout pour remettre à Madeleine les pieds sur terre. 

 

Surgissements hologrammatiques

Mais à la physique elle échappe encore, de façon proprement spectaculaire. On entend l’étonnement dans la salle lorsqu’elle vole pour la première fois, qu’elle danse sur des objets en diagonale. Comme la gravité, le temps et les ombres s’interrompent pour la pièce : tou.te.s les comédien.ne.s apparaissent et disparaissent, ils n’ont nul besoin d’entrer en scène, comme au cinéma ils surgissent, tels des hologrammes, montés, coupés, projetés, mais bien vivants devant nous. 

 

La magie comme langage

La compagnie 14:20 est à l’origine de «Magie Nouvelle», un mouvement qui défend la magie «en tant que langage autonome, contemporain et populaire». Et formellement, leur pari est tenu. Les innovations techniques sont impressionnantes et belles : lors d’une scène, Flore, la malade «qui ne dort jamais» danse au milieu d’une fumée maîtrisée, superbement dressée, qui prend vie avec la chorégraphie. Quand elle disparaît, les projecteurs transforment les nuages poétiques en formes futuristes et inquiétantes.  

 

Une illustration brillante mais une illustration

Dans ces nuées d’effets spéciaux, le fond de la pièce s’efface quelque peu. Pourtant l’institution psychiatrique qu’ils décrivent est bien réelle, même l’histoire de Madeleine est «inspirée d’une histoire vraie», le contrôle des corps par la médecine et la folie sont tant de sujets passionnants et politiques, mais la pièce les illustre – avec brio – sans les aborder de front. 

 

L’homme qui a la maladie d’être trop bavard (David Murgia) les touche du doigt, il est «fou» et pourtant dans ses flux de conscience ininterrompus, des réflexions essayent d’éclore. Le jeu des autres comédien.ne.s est juste, malheureusement les personnages qu’ils incarnent sont parfois simplistes, et ils ne nourrissent pas l’analyse ou la critique de ce moment d’histoire, qui est laissé à des vérités banales et connues. 

 

«Madeleine : envolée»

L’alliance entre la danse contemporaine et l’illusionnisme est intéressante et expressive, aboutissant à un spectacle cinématographique à l’esthétique singulière, mais l’on regrette toutefois que la concentration formelle prenne le pas sur un fond théâtral dont on ne sait trop où il va. Surtout à la fin du spectacle, lorsque Pierre, le médecin, devient fou à son tour suite à la perte de ses notes cliniques, et se trouve en face d’un miroir frénétique où il observe son visage se confondre dans tous ceux de ses patient.e.s. Le tout se termine avec une liste de noms de femmes internées suivis de leur sort, souvent funeste. Et cette liste nous rappelle, à la fin, la question de « l’hystérie féminine » que la pièce se promettait d’aborder et qui n’aura été que flottante, comme «Madeleine : envolée».

Visuel (c) Valentine Losseau