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« On m’a trouvée grandie » : magistrale démonstration de magie nouvelle

par Mathieu Dochtermann
26.03.2024

On m’a trouvée grandie de Valentine Losseau (Cie 14:20) est un spectacle aussi intelligent qu’envoûtant, mêlant magie nouvelle, théâtre et danse contemporaine. Il s’agit d’ouvrir un regard sur les patient·es de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à la fin du 19e siècle, et de faire en sorte que le doute bée de la première à la dernière minute. Un vertige magnifique qui a fait ses premières lors de l’ouverture du festival SPRING.

A dispositif inédit, cadre de scène inédit

Ce qu’on note tout de suite, c’est que la cage de scène a été singulièrement réduite dans cette grande salle du Théâtre Le Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray, qui accueille la première de ce spectacle d’une compagnie qui a presque défini à elle seule ce qu’est la magie nouvelle, d’une créatrice qui signe pour la première fois seule un spectacle, même si Raphaël Navarro co-signe la mise en scène. Un dispositif optique novateur est utilisé dans On m’a trouvée grandie, et il demande un cadre très contrôlé, une sorte de grande boîte noire qui barre entièrement la scène. Toute l’action se retrouve enfermée dans une bande visible qui va de cour à jardin mais ne semble guère dépasser les trois mètres de hauteur.

 

La grâce étrange de Leïla Ka

Au début du spectacle, une femme, jouée par la danseuse et chorégraphe Leïla Ka, s’installe à une table encadrée de deux chaises, qui parait se tenir devant un mur de béton brut. Immédiatement, l’impossible se produit, et la plongée dans l’univers de Valentine Losseau commence : la chaise sur laquelle se tient le personnage est tirée en arrière, mue par une main invisible, et Madeleine, puisque tel est son nom, se retrouve ballotée, doit lutter pour rester en place. Cette Madeleine qui semble flotter au-dessus du sol quand elle se déplace sur la pointe des pieds, dont les mouvements saccadés tissent une danse complexe, heurtée mais néanmoins légère, est immédiatement attachante, même si différente. En première intuition, on la trouve plus volontiers traversée par une grâce étrange qui l’élève, que gagnée par une folie qu’il faudrait soigner.

 

Une galerie de personnages forts à l’incarnation impeccable

L’histoire de Madeleine, cette femme qui affirme traverser des épisodes de lévitation, est le prétexte à entrer dans une institution psychiatrique de la fin du 19e siècle, où l’on pratique l’hypnose mais également des traitements bien plus agressifs, comme les bains forcés d’eau glacée. On y croise Pierre, le médecin à la foi inébranlable dans le monde rationnel et dans les traitements élaborés par la science, qui accueille Madeleine d’un doucereux : « Est-ce que vous savez pourquoi vous êtes là ? ». Et d’autres patients et patientes, qui communiquent éventuellement par la parole – Max, campé par un extraordinaire David Murgia, logorrhée verbale insurmontable et sensibilité à fleur de peau – ou davantage par le corps et la danse – Flore, jouée par Florence Peyrard, contorsionniste et chanteuse – ou les deux – Delphine Lanson, magnifique présence dans le rôle finalement tragique de Laëtitia.

 

De la magie nouvelle et de son bon usage

Du théâtre et de la danse, donc, pour traduire ce qui se joue entre les personnages, pour dire la violence de leur environnement, la brutalité bienveillante de l’institution. Et il y a de très beaux moments, des échanges poignants, la fragilité sublime des gestes de Leïla Ka. Mais il est difficile de ne pas retenir avant tout les effets magiques. La lévitation est employée à bon escient, avec une parcimonie qui permet de ne pas user son caractère extraordinaire. Surtout, il y a le nouveau procédé mis au point par Valentine Losseau qui lui permet de faire apparaître ou disparaître à volonté des personnes ou des objets sur le plateau. L’efficacité de l’effet est sidérante. L’œil s’affole d’abord, puis finit par accepter que des choses qui sont là ne le seront peut-être plus la seconde d’après. Et cela crée graduellement un climat mental propice à tous les jeux sur la consistance de la réalité, sur le vrai et le faux.

La disparition est aussi métaphore de l’escamotage qui permet de débarrasser les pauvres et les malades des rues pour les enfermer loin de la vue de la bonne société ; elle est métaphore aussi de l’invisibilisation des femmes, de la psychiatrisation utilisée comme arme contre elles. Plus subtilement, la frontière même entre les vivant·es et les mort·es s’estompe, et, évidemment, celle entre les auto-proclamé·es sain·es d’esprit et les personnes désignées comme folles, auxquelles le spectacle contribue à rendre leur dignité.

 

Une œuvre ciselée, mais un peu longue

Les tableaux construits sont absolument superbes, avec des images d’une grande beauté, souvent – mais pas exclusivement – centrées autour du personnage de Madeleine : Leïla Ka perdue au milieu d’une nappe de fumée, ou s’élevant en tournoyant au-dessus du plateau, sont des images qui laissent leur marque. L’utilisation des dispositifs optiques crée en outre des conventions d’éclairage différentes : il y a des variations brutales de tonalité et d’intensité en plein milieu d’une scène, des ruptures brutales, des noirs qui tombent comme des couperets mais ne durent parfois qu’une demie seconde. Il faut s’y habituer, mais cela participe aussi de l’effet de vertige, d’irréel que produit le spectacle.

 

En somme, On m’a trouvée grandie une œuvre techniquement magistrale, intelligente sur le fond, splendide sur la forme, qui bénéficie en plus d’interprètes de grand talent pour incarner de très beaux personnages – même si Pierre le psychiatre est quelque peu caricatural son doute le rend finalement attachant. Si on cherchait à toute force un bémol, peut-être mentionnerait-on la longueur du spectacle, qui flirte avec les deux heures et demande un véritable effort de concentration de la part du public, placé devant un spectacle extrêmement soigné mais plutôt contemplatif.