Pendant le Off d’Avignon, Alain Timár, en son théâtre, le Théâtre des Halles, nous aura fait voyager de Bucarest à Turin en passant par l’Albanie. Une plongée intime dans l’écriture acide de Matei Visniec
La pièce se donne dans la minuscule chapelle du Théâtre des Halles, un lieu superbe qui a gardé de l’époque papale ses ogives et sa forme longue. La proximité avec les comédien.n.es est donc très intense. Ils et elle arrivent en tapant à la porte. En mode affolé.es et poli.e.s .
Le clown est là, en chacun d’iels, posé. On se marre juste à les regarder nous regarder. Horia Andrei Butnaru, Cristina Florea et Cătălin Ștefan Mîndru ont pour seul décor trois valises. Elles sont l’allégorie de tous les exils possibles, de toutes les fuites vers un avenir supposé meilleur, volontiers vers l’Ouest. Elles sont aussi la machine à histoires qu’Alain Timár active en un claquement de doigts.
Dans un jeu qui s’assume et pose ses didascalies à vue, nous suivons tendrement leurs histoires qui fleurent bon la nostalgie des mondes engloutis.
Comme toujours dans son théâtre, Matei Visniec fait grincer les totalitarismes et leurs absurdités.
Visuel : ©Luana Popa