« Nous étions la forêt » : une fable écologique au Théâtre Ouvert

Un couple arrive sur scène et nous partage son souhait de changer de vie en s’installant à la campagne dans une maison à rénover, proche d’une forêt, le bois de la fermette. Ce bois devient progressivement le sujet principal de la pièce. Le couple rencontre au fur et à mesure des protagonistes qui entretiennent diverses relations avec cette forêt, une arboriste qui prône l’autonomie, une ornithologue qui chante aux oiseaux, un garde champêtre et sa mère, aide-soignante. Chacun voit ce milieu, ce refuge, selon sa propre expérience et philosophie de vie. La forêt condense en effet toutes les problématiques sociales qui rassemblent ou créent des dissonances. Chaque personnage porte en lui les maux d’une société bouleversée par le changement climatique. Des échos à des faits répandus dans les médias ponctuent le spectacle. Les chansons de différents répertoires, opéra, rap, chansons populaires ponctuent les scènes au texte nourri de références aux enjeux environnementaux.  Ces interludes chantés révèlent combien la voix peut être puissante pour exprimer l’espoir, la joie, l’empathie, la fatigue et la révolte.

Pour écrire son texte, la metteuse en scène Agathe Charnet a pris le temps d’une immersion en milieu forestier durant une année, lors de laquelle elle a récolté des paroles d’habitants. Les méthodes de gestion de la forêt au cœur des débats sont ainsi révélées tout au long du spectacle : coupes rases, monocultures, logique capitaliste. Pour concevoir ce spectacle, la compagnie La Vie Grande a établi une charte d’écoconception : une manière d’être plus juste avec le message que livre la pièce.

Le décor fait de tissus évoque une forêt, milieu d’interactions sociales, de relations aux arbres, de revendications et de bouleversement. Celles et ceux qui bifurquent et luttent pour la sauvegarde des arbres ont inspiré les jeux d’acteurs. Ils nous invitent à repenser à nos interdépendances et à prendre conscience de l’importance des forêts comme lieux refuges d’une biodiversité, en voie de disparition.

Le texte est engagé, touchant et teinté de vécu. Les acteurs nous interpellent, s’approchent de nous pour mieux nous intégrer à l’histoire. La dernière scène est émouvante, nous touche après tant d’attachement que nous pouvons avoir pour les personnages. Nous étions la forêt nous fait passer un moment mémorable entre la comédie musicale, le drame et le documentaire.