Cette année, le festival Spot du Théâtre Paris-Villette fait corps avec l’Olympiade culturelle. Parce qu’il est toujours sport de parler d’Israël, Adrien de Van a décidé de clore cette édition avec une joute verbale qui fait du bien au moral.
On pourrait commencer comme ça et ça fera déjà débat. Ido Shaked et Hannan Hishay sont tous deux des metteurs en scène de théâtre israéliens. En octobre 2022, ils décident de monter une pièce sur leur identité/nationalité, mais, un an après, le pogrom/massacre/attentat du 7 octobre déclenche une vengeance/génocide/riposte inouïe envers le Hamas. Aujourd’hui, le conflit/guerre/occupation est plus dense que jamais et la paix semble inatteignable. Voilà. Juste pour tenter de vous les présenter, nous en sommes déjà là, catapultés par la violence de ces mots qui sont tous politiques. Mais le duo décide de se battre « dans le spectacle » pour faire entendre leur malaise.
Tous les deux activent un vieux truc du théâtre, celui de la pièce qui n’aura pas lieu. Pendant plus d’une heure, nous avançons avec eux entre le début des manifestations monstres contre le gouvernement Netanyahou, et aujourd’hui, quelques jours après que six otages israéliens ont été retrouvés morts. De gauche et propalestiniens, ils racontent leur pays qu’ils ne reconnaissent plus du tout. Mode d’emploi pour metteur en scène israélien en Europe vaut plus pour son fond que pour sa forme. La pièce a comme intérêt de faire entendre la souffrance à entrée multiple.
Sur scène, il y a des cartons sur lesquels ils inscrivent les dates de leurs rencontres, il y a une échelle, un piano, mais aussi une valise. L’exil est au cœur du spectacle. Les deux metteurs en scène-acteurs ne cessent de négocier avec eux-même cette question que chaque juif et juive se pose : partir ou rester ? Ils interrogent le refuge pensé par leurs « grands-parents », ils regardent l’antisémitisme en Europe. Bref, ils errent dans une impossible négociation interne. Si son traitement du présent est intéressant, son esthétique et sa direction d’acteur peinent à convaincre au delà de sa mission de dialogue interculturel.
Le 13 septembre à 20h au Théâtre Paris Villette
Visuel : ©Julia Kampichler