« Mémé », la tentative de portrait de famille de Sarah Vanhee au Festival d’automne

Alors que les œuvres de performance et de musique programmées au Festival d’automne révolutionnent à chaque représentation nos perceptions et nos regards, le théâtre est à la peine, dans des propositions moins percutantes. Mémé déçoit dans un dispositif peu efficace. La pièce se place dans les champs du théâtre du réel. Nous le voyons depuis le début des années 2000 et, avec une accélération folle depuis le Covid, le spectacle vivant est devenu massivement documentaire. Cela se manifeste par une diversité de formes.

Pour le cas de Mémé, l’artiste flamande se place dans le champ des sources personnelles. Nous allons donc passer 1h30 avec ses deux grands-mère, Oma et Mémé. Sans surprises, nous assistons à des vies dominées par le patriarcat où les femmes, même quand elles avaient le droit de faire des études, arrêtaient de travailler pour pondre des enfants à la chaine. 6, 9… Le corps « troué » par un nombre inhumain de grossesses, les tâches ménagères démultipliées par ce nombre d’enfants.

La pièce met bien trop de temps à nous saisir. Elle commence par une adorable projection vidéo où l’on voit Sarah parler à son fils de ses arrière-grands-mères qu’il n’a pas connues. Mais être adorable ne suffit pas. On reste de marbre devant la matérialisation de toute sa famille en poupées de chiffons puis en ombres chinoises.

Heureusement, il y  a un moment où nous retrouvons les esthétiques très léchées de Sarah Vanhee. Dans une adresse dos au public, dans la lumière et la fumée, elle semble réactiver ses fantômes, et c’est très juste. Malheureusement, la pièce finit par s’enliser dans un dialogue à trois entre elle et ses deux grands-mères qui sonne cruellement faux. L’intention est pourtant juste, oui, il est joli de penser à ses aïeules en se demandant comment elles vivraient aujourd’hui. Est-ce que cela fait progresser, comme nous le disions en début d’articles, nos regards et nos perceptions ? Non.