« Malaga » à Artéphile : Un baby-sitter d’enfer

Ils se sont aimés mais se quittent. Lui, c’est Michaël, inventeur d’une prothèse d’oreille interne artificielle. Elle, c’est Vera, psy. Tous deux parents de la petite Rebekka, sept ans. Les deux personnages principaux, en instance de divorce, ont chacun leurs préoccupations. Monsieur doit se rendre à un éminent congrès pour présenter son invention tandis que sa future ex-femme se rend à Malaga pour un long weekend avec son nouvel amoureux… Que faire donc de Rebekka ? Alors que leur baby-sitter habituelle est malade, Vera propose d’engager un jeune homme de 19 ans, fils d’une amie du couple, qui va bientôt partir à New York étudier le cinéma. Face aux réticences de Michaël, Rebekka se retrouve finalement confiée à Alex le temps d’un weekend. Mais l’apprenti cinéaste est plein de projets pour les deux jours…

Peu de repos dans cette pièce qui ne dure qu’une heure. Dès le départ, Lukas Bärfuss place dans la bouche de ses personnages des répliques assassines et des mots cruels. Oscillant entre réalisme et tragédie, le dramaturge suisse allemand installe rapidement un climat anxiogène où chacun défend ses propres intérêts, au détriment de la petite Rebekka que l’on ne verra jamais, grande oubliée de la pièce.

La mécanique conjugale se dérègle réellement lors de l’introduction d’une tierce personne, le mystérieux Alex, passionné de cinéma underdroung (il cite Kenneth Anger) et pleins de projets. Le jeune homme de 19 ans choisit ses phrases pour isoler Michaël et Vera. Doux avec Vera, il se fait plus guerrier et piquant avec Michäel dont il doit gagner la confiance. Parsemée de courts intermèdes musicaux un peu coquets, la pièce est menée tambour battant, notamment par une Olga Grumberg habitée par son rôle de mère investie et inquiète.