Après Le Jeu de l’amour et du hasard (que l’on peut voir au Théâtre des Lucioles), Frédéric Cherboeuf et le Collectif l’Emeute revisitent intelligemment la pièce de Corneille.
Décidément, Corneille a actuellement le vent en poupe. Après un réjouissant Cid que l’on avait pu voir à Grignan l’an dernier et cette année au Théâtre des Amandiers de Nanterre, c’est au tour de L’Illusion comique de prendre un coup de jeune. Moins classique que Le Cid, résolument baroque, L’Illusion comique parle d’amour et de jeunes gens. Ecrite en 1635 alors que Corneille n’a que 29 ans, la pièce est notamment célèbre par sa fin qui révèle que l’histoire racontée n’était en fait qu’une illusion manigancée par le magicien Alcandre consulté par Pridamant. Il y a donc quelque chose de la mise en abyme dans cette pièce, ou même quelque chose de la caverne de Platon. Représenter la représentation : voilà un gimmick qui sera repris et essoré, mais constitue une réelle nouveauté en 1635.
Pour sa mise en scène, Frédéric Cherboeuf met en parallèle cette histoire de théâtre avec celle du cinéma. « Pridamant est l’incarnation symbolique et concrète du spectateur idéal », la vie de son fils Clindor se déroulant sous ses yeux, reconstituée par Alcandre. Prenant place dans un décor de bar, l’action se retrouve bruitée par les comédiens, quelques passages sont filmés et même chantés (musique de Camille Riey). Nous, spectateurs, savons que cette Illusion comique n’est que représentation. Seul le pauvre Pridamant se fait berner.
Le collectif L’Emeute s’empare vigoureusement du texte. L’alexandrin se fait entendre aisément, sans que la rigidité de la langue classique n’empiète sur notre compréhension des vers de Corneille. Les trois acteurs principaux incarnant Lise, Isabelle et Clindor incarnent passion amoureuse, désir d’émancipation de leurs parents et liberté.
L’Illusion comique, Pierre CORNEILLE, Au Théâtre de l’Oulle (La Factory) du 5 au 26 juillet 2025 à 10h
Visuel : © Matthilde Caelicia