Après Le Premier Sexe et La Fête du slip, Mickaël Delis explore le don de sperme dans Les Paillettes de leur vie, accueilli au Théâtre de la Reine blanche jusqu’au 14 juin.
Les « paillettes » dont il est question, ce sont les fioles de sperme que le récitant s’apprête à remplir. Lui qui ne souhaite pas d’enfant a décidé de donner son sperme à d’autres. Seulement, bien entendu, cela n’est pas si simple : entre les nombreux examens à passer pour être considéré comme un donneur sain et les remarques des proches, le parcours est long et difficile. Sans compter cette fichue lettre que l’hôpital lui propose d’écrire aux futurs fruits de son don. Que peut-il donc dire à ces êtres pas encore nés, ni même conçus ?
La rédaction de cette lettre sera pour le récitant l’occasion d’explorer son propre rapport à la famille et à la filiation, lui dont le père claqua la porte familiale alors qu’il avait six ans. Mais ce sera aussi l’occasion d’échanger avec une mère au caractère trempé et à la langue bien pendue, ou avec ces ami·es pour qui la parentalité a tout du sacerdoce. Finalement, qu’est-ce qu’un·e parent·e ? Qu’est-ce qu’un·e enfant ?
Les Paillettes de leur vie brasse ainsi de nombreux sujets. L’arnaque des « nouveaux pères », qui se piquent d’éduquer leurs enfants tout en s’en référant sans cesse à leur compagne, mais aussi ce qui, finalement, définit une famille. Est-ce la génétique ? L’éducation ? L’affection ?
L’homonymie entre le récitant et l’auteur-acteur laisse assez peu de doute en la matière : c’est de lui et de ses proches que parle Mickaël Délis. Ce faisant, il construit toutefois des personnages qui, tout en s’inspirant du réel, s’en échappent pour laisser place à des caractères fortement caractérisés. Seul en scène, il joue ces différentes figures, de sa mère – dont certains traits ne sont pas sans évoquer la mère de Gallienne dans Guillaume et les enfants, à table ! – à ses ami·es en passant par l’infirmière et son frère jumeau. Il passe de l’une à l’autre avec virtuosité, entraînant le public dans un univers volontiers absurde.
Le texte, d’une grande précision, crée en effet, en outrant volontairement les situations et les personnages, un monde extravagant et pourtant éminemment proche du nôtre. Le grotesque ainsi présent n’est qu’une façon de souligner le ridicule des relations humaines. Il emporte ainsi le rire – continu ou presque – des spectateurs et spectatrices, un rire qui, sans être grinçant, repose sur le dévoilement de ce que l’on aimerait cacher.
À ces talents d’écriture et de jeu, il faudrait annoncer celui de la mise en scène et de la scénographie. Les paillettes du titre sont aussi des confettis blancs qui, rassemblés en un épais tas au centre du plateau, serviront d’accessoires multiples. Cela fonctionne et fait des Paillettes de leur vie un spectacle en apparence simple, riche et enjoué.
Les paillettes de leur vie, ou la paix déménage, texte et jeu de Mickaël Délis, co-mise en scène de Clément Le Disquay et Mickaël Délis, collaboration artistique : David Délis, Romain Compingt et Anne-Charlotte Mesnier.
Du 23 mai au 14 juin 2025 au Théâtre de la Reine Blanche.
Visuel : © Marie Charbonnier