Après nous avoir bouleversés en brisant ses Idoles en 2020, le plus cinéaste des metteurs en scène revient à sa passion pour le jeune public avec Les Doyens, une leçon inaugurale joyeusement chaotique qui ordonne aux 9-12 ans de foutre un gros bordel. On a dit libre!
Les décors de Christophe Honoré sont toujours comme des plateaux de cinéma. Dans Nouveau Roman comme dans Les Idoles, les espaces étaient clairement définis comme étant des zones de jeu. Pour Les Doyens, c’est la même chose. Nous voici face à un amphi de fac du XVIIIe siècle. Il y a du bois partout, des grandes peintures. C’est baroque à souhait. Deux personnages font une apparition remarquée et remarquable. Il s’agit de Jean-Charles Clichet et Sylvain Debry, assez perruqués et fardés pour pouvoir être conservés dans le formol pour toutes les générations à venir. Ils nous offrent un délicieux menuet dont on sent immédiatement qu’il ne faut pas le prendre au premier degré.
Mais avant de continuer, il faut vous dire l’essentiel. Ce spectacle n’est pas un tout public, c’est un jeune public, resserré et talentueux, à l’adresse des 9-12 ans, c’est-à-dire de celles et ceux qui découvrent que les paroles des adultes n’ont pas valeur d’évangiles. La pièce est un vrai-faux cours qui aborde de vraies questions en y mêlant vraies réponses livrées dans des postures déconnantes. Oui, déconnantes, vous avez bien lu. Car c’est bien cela qui se passe : une belle et grosse déconnade. Plus le cours avance, plus le n’importe quoi s’invite, plus on comprend que ces deux amis, Théobald Badaire et Fulbert Beranger n’ont qu’une seule envie : jouer.
Un troisième larron, qui apparait comme étant l’enfant de ce couple d’amis, est Julien Honoré. Il tisse le fil entre la salle et les deux doyens. C’est lui qui ouvre toutes portes, permet à tous les verrous de sauter. Les références pleuvent. Les gamins reprennent en chœur Dommage de Bigflo et Oli et c’est beau. Ils se marrent à se tordre de rire au fur et à mesure que les blagues potaches, clairement pipi-caca-prout pleuvent. La direction d’acteurs est brillante. Honoré marche sur le fil tenu entre le sérieux et le léger. En une seconde la salle est en folie, en un geste, elle se calme. Mais à la fin, tout est vraiment permis. Les enfants sortent de là en se disant sûrement que ces adultes-là, sérieusement frivoles, ont toutes leur place dans la cour de récré.
Jusqu’au 18 novembre au Théâtre de la Ville les Abbesses, puis du 6 au 9 décembre au Festival Ad Hoc, au le Volcan – scène nationale du Havre qui se
Visuel :© Théâtre de la ville