Le Théâtre de la Commune accueille cet automne Rivage à l’abandon, Médée-Matériau, Paysage avec Argonautes, de Heiner Müller, dans une mise en scène de Matthias Langhoff.
Des tableaux bleus représentant une usine désaffectée ou un bateau échoué dans un quartier désolé. Les œuvres de Catherine Rankl, qui signe également les costumes et la scénographie, accueillent spectateurs et spectatrices dans la petite salle du Théâtre de la Commune.
En observant ces murs éphémères, en écoutant quelques phrases prononcées en allemand ou en français par des gardiens de musée figurés par Marcial di Fonzo Bo, Claudio Comeo et Laura Lemaitre, le visiteur découvre la Médée de Heiner Müller, mais surtout le Verkommenes Ufer (« Rive délabrée ») de Heiner Goebbels. Une Médée destituée, dégradée, qui tient plus de la petite bourgeoise acariâtre que de l’antique petite-fille du Soleil.
C’est ce personnage que joue et incarne Frédérique Loliée, qui évolue d’une gazinière à des rails de train et s’adressant, en fait de fils, à des conserves dont la pâtée ressemble fort à de la nourriture pour chiens. Sa voix éraillée, son maquillage prononcé participent de la fascination du personnage. Son timbre et les peintures de Catherine Rankl, dont l’emplacement change au gré du texte, marquent le désespoir de Médée.
Si la première partie, la déambulation au beau milieu des panneaux, est un peu longue, avec ce texte volontairement obscur de Goebbels, cette Médée dégradée emporte dans la deuxième partie les spectateurs.
Rivage à l’abandon, Médée-Matériau, Paysage avec Argonautes, de Heiner Müller, mis en scène par Matthias Langhoff. Théâtre de la Commune.
Visuel : ©Pascal Gély