Après avoir été captivés par « Le Journal d’un fou » il y a quelques semaines, nous sommes retournés au Ranelagh pour poursuivre notre épopée gogolienne.
L’histoire se déroule dans une province reculée de Russie, loin de Saint-Pétersbourg et de ses fonctionnaires malades. Dans cette région, comme dans la plupart des comtés ruraux, le gouverneur est corrompu et fait subir de nombreuses injustices aux paysans, tandis que les hôpitaux, les prisons et les écoles sont laissés à l’abandon. Un jour, on annonce l’arrivée d’un Inspecteur Général (ou « révizor », selon les termes de l’administration tsariste). Un jeune escroc venu de Saint-Pétersbourg est alors pris par les notables locaux pour cet inspecteur. S’ensuit une tragi-comédie qui met en lumière les travers humains, les corruptions et des malentendus absurdes.
À travers la satire, Gogol expose une bureaucratie gangrenée par le népotisme, les abus de pouvoir et la peur du jugement des supérieurs. Cette situation met en lumière l’hypocrisie, l’avidité et la médiocrité des fonctionnaires, où l’apparence et la crainte de la sanction prennent le pas sur l’éthique et la compétence dans la gestion publique. Gogol questionne ainsi les failles du système étatique et les comportements humains face à l’autorité et au contrôle.
Cela fait près de 10 ans que la Compagnie Voix des Plumes joue cette pièce emblématique du théâtre slave. Après avoir exploré des classiques comme Le Nez et Le Journal d’un fou, Le Révizor s’inscrit dans la continuité de leur passion pour l’univers de Gogol.
L’interprétation vive et troublante de Ronan Rivière, en parfaite harmonie avec celle des autres acteurs, plonge le spectateur dans un décor à la fois mélancolique et grotesque, fidèle à l’esprit de l’histoire. La scénographie, avec son décor incliné et la présence constante du pianiste Olivier Mazal sur scène, reste épurée, mais symboliquement riche.
Cette adaptation, fidèle au ton satirique et burlesque de Gogol, modernise certains aspects tout en respectant le texte original. Elle offre ainsi une lecture accessible et percutante de ce classique, soulignant sa pertinence face aux enjeux politiques et sociaux d’aujourd’hui.
Un classique à voir et revoir au Théâtre Le Ranelagh !
Visuel : © Ben Dumas