« Le Rêve et la plainte » à la Tempête : Nicole Genovese rate son coup
par Julia Wahl12.05.2025
Le Théâtre de la Tempête accueille Le Rêve et la plainte, de Nicole Genovese, jusqu’au 25 mai.
De longues robes à crinoline, des perruques aux hauteurs vertigineuses et une toile peinte représentant la cuisine cuivrée d’un château. Ainsi commence Le Rêve et la plainte, dont la scénographie semble nous emmener à la cour de Louis XVI.
Pourtant, que les détentrices des crinolines ouvrent la bouche, et nous voici à nouveau au XXIe siècle, dans le sud-est de la France. C’est que Marie-Antoinette a un accent assez gratiné. Elle fait admirer à son amie aux airs de suivante la cuisine que son mari vient de monter. Elle l’a voulue chic, tendance Versailles.
Un jeu facile sur l’anachronisme
La pièce de Nicole Genovese repose ainsi en partie sur cette juxtaposition anachronique entre une scénographie issue du XVIIIe siècle et des dialogues très contemporains, aux airs de petite bourgeoisie fraîchement parvenue plutôt que d’aristocratie aux arbres généalogiques remontant aux croisades.
Une fois épuisé un rire facile lié à cette apparente incongruité, que reste-t-il ? Les personnages, empruntés à la société contemporaine, sont plus caricaturaux les uns que les autres, entre le rėac individualiste et le « gauchiste » noyé dans ses idées. Après l’anachronisme, Nicole Genovese convoque donc un comique de caractère qui échoue rapidement, faute de reposer sur quelques fondations crédibles.
Certes, dans Le Rêve et la plainte, tout le monde en prend pour son grade. Mais peut-être est-ce là l’un des autres problèmes du spectacle : à force de mettre sur le même plan toutes les opinions, il arase toutes les idées et finit par anesthésier le public.
Bien sûr, certaines propositions sont intéressantes, comme la structure aux allures de théâtre de papier, sur laquelle coulissent les toiles peintes qui servent de décor, ou la dextérité avec laquelle Francisco Mañalich joue de la viole. Malheureusement, ces éléments, sur lesquels la pièce se repose un peu trop, ne parviennent pas à sauver la soirée.
Le Rêve et la plainte, de Nicole Genovese, mise en scène de Claude Vanessa. Au Théâtre de la Tempête jusqu’au 25 mai.
Visuel : © Charlotte Fabre
