Le virtuose du théâtre japonais nous emmène en voyage là où aucun homme n’est jamais allé : aux confins de l’espace, au-delà d’un « trou de ver ». The Window of Spaceship « In-Between » est un trip lent et agréable, aux accents très philosophiques.
Ce régulier du Festival d’Automne, qui a souvent montré ses pièces au T2G, s’intéresse à la façon dont les humain·e·s font société. The Window of Spaceship « In-Between » questionne la place du, ou plutôt des langages. Nous regardons un décor tout rose poudré, simplement traversé d’un immense néon et agrémenté d’une plante, d’un tabouret et d’une table sur roulettes. Quatre acteur·ice·s allophones et deux autres dont le japonais est la langue maternelle y évoluent. Mari Ando, Qiucheng Xu, Tina Rosner, Ness Roque, Robert Zetzsche et Leon Koh Yonekawa discutent de la fonction de la musique. Ce vaisseau, qui n’a de vaisseau que le nom, est un véhicule imaginaire et symbolique, rappelant que le langage appartient d’abord à celles et ceux qui l’animent. La musique, qui semble être le lien le plus universel, est remise en question. Que serait une musique spatiale ?
De façon totalement contemplative, nous observons l’évolution de ce groupe animé seulement par le désir de comprendre l’essence de leurs dialogues. Qu’est-ce qu’un être humain ? Comment doit-il réagir face à l’émotion des IA ? Ici, un comédien incarne un androïde qui partage sa passion pour ses tâches au sein de l’appareil. Il partage sa passion pour le nettoyage des filtres. Cela crée une tempête relative du côté des terrien·ne·s. Qui doit garder le contrôle sur qui ? Pourquoi un robot ne pourrait-il pas avoir une âme ? Okada questionne les mutations de notre époque, entre crispation et évolution… à la vitesse de la lumière.
Ce point de tension entre humain et robot amène nos protagonistes à presque être en péril. Okada leur dit : déconstruisez-vous, mettez de la distance dans vos perceptions. Un personnage, vêtu d’un costume tout en bulles d’air, est une extraterrestre pour qui toutes ces préoccupations sont vaines. Elle peut apprendre une langue en une seconde et se montre peu violente. Bref, elle est une version badass de ChatGPT. Elle transcende toutes les relations préexistantes à son arrivée, par hasard, à bord. Okada cherche la relativité dans ce spectacle tout doux, lent et calme, qui pointe sans grand heurt l’une des plus grandes questions de notre époque : comment se parler, avec quels outils et sur quel ton ?
Maison de la culture du Japon à Paris du 26 au 30 octobre, à 20h.
Informations et réservations
Visuel : © Yoshikazu Inoue, Courtesy of Kyoto Experiment