Retrouver le directeur de la Schaubühne à l’Opéra d’Avignon a sans doute réveillé une belle vague de nostalgie dans le public, tant ce lieu est lié à ce metteur en scène. La scène n’a jamais pu oublier ni Nora, ni Son Ennemi du Peuple, ni Richard III. Ce Canard Sauvage n’est peut-être pas la plus grande pièce de cet admirateur d’Ibsen, mais reste un moment de pur théâtre allemand que nous sommes heureux·ses de retrouver au festival.
Le rideau se lève, (oui un rideau au festival d’Avignon !), et nous découvrons un décor cossu, chic, une fête se déroule dans cette maison, mais le père et les fils Werle règlent leur compte. Le fils Gregers commence à soulever les tapis sous lesquels se cachent des tonnes de mensonges, des mensonges qui donnent l’illusion aux familles de tenir bon, de faire comme si tout va bien. Il avait un meilleur ami, qu’il ne voyait plus, sans comprendre pourquoi, Hjalmar Ekdal. Et les voici réunis ce soir. Les masques tombent les uns après les autres. Gregers se met en tête de réparer ce qui ne peut pas l’être. Le drame ibsénien se met en place, inéluctable.
Le décor tourne, comme il tournait dans Nora, et nous voici dans un autre lieu, une autre classe sociale. Le mensonge du père a des conséquences dramatiques, une famille s’est retrouvée sur la paille, et un autre père est devenu fou, chasseur de peluche. Au milieu de ça, Ostermeier décale l’histoire en enrichissant le rôle d’Hedvig, la fille d’Hjalmar. Elle est une fille réveillée, militante, elle travaille sur le « précariat », en argumentant que le féminisme ne s’intéresse qu’aux bourgeoises, jamais aux caissières. Les grands thèmes d’Ibsen de la lutte des jolies classes et des bourgeois qui pètent les plombs sont bien soulignés par le metteur en scène, peut-être un peu trop dans une longue première partie qui s’étale.
Le seul apport de ce Canard est de voir jouer la troupe allemande. Thomas Bading, Marie Burchard, Stephanie Eidt, Marcel Kohler, Magdalena Lermer, Falk Rockstroh, David Ruland, Stefan Stern sont des monstres de théâtre. Leur jeu naturaliste est absolument parfait, ils et elles portent le texte dans les yeux autant que dans le ventre. Si vous avez la chance de n’avoir jamais vu la pièce, vous pourrez aussi vous laisser porter par cette histoire qui se noircit de plus en plus et s’enfonce dans la tragédie. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, nous disent Ibsen et Ostermeier. La pièce, elle est du vrai théâtre, elle ne révolutionne pas le genre, certes, mais témoigne d’une belle progression jusqu’à un climax à la fin qui nous fait dire que Thomas Ostermeier reste un grand metteur en scène.
« You Shouldn’t Have Invited Me » opens with a lavish party scene where old family secrets start to unravel. Gregers, the son, uncovers layers of lies that have kept the family together in illusion. The play delves into class struggles, the consequences of deceit, and the tragic fallout. Thomas Ostermeier’s German cast delivers a powerful, naturalistic performance, reminding us that not all truths should be told, yet the drama is compelling and deeply human.
« ما كان يجب أن تدعوني » تبدأ بمشهد حفلة فخمة حيث تبدأ الأسرار العائلية القديمة في الانكشاف. يكشف الابن جريجرز عن طبقات من الأكاذيب التي حافظت على تماسك العائلة في وهم. المسرحية تتناول صراعات الطبقات الاجتماعية وعواقب الخداع وما يترتب عليه من مأساة. فرقة الممثلين الألمان بقيادة توماس أوستيرماير تقدم أداءً طبيعياً قوياً، يذكرنا بأن ليست كل الحقائق تستحق أن تُقال، ومع ذلك فإن الدراما مشوقة وإنسانية جداً.
Du 5 au 16 juillet à l’Opéra Grand Avignon.
Le Festival d’Avignon se tient jusqu’au 26 juillet. Retrouvez tous nos articles dans le dossier de la rédaction.
Visuel : © Le Canard Sauvage, Thomas Ostermeier, 2025 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon