La compagnie Le Roi des Fous, sous la direction d’Emilie Chevrillon propose avec L’Assemblée des Femmes une comédie, revisitant la célèbre pièce d’Aristophane. A travers des personnages masqués et des situations absurdes, le spectacle interroge avec humour la place du pouvoir et la hiérarchie des genres dans nos sociétés.
L’assemblée des femmes est une comédie burlesque sur le pouvoir mise en scène par Émilie Chevrillon. Imaginé à partir de la pièce éponyme d’Aristophane, le spectacle nous embarque dans une réflexion sur le fonctionnement de nos sociétés dites démocratiques et sur la place des hommes et des femmes dans la cité.
L’art du bouffon et les masques sont au rendez – vous autant pour nous divertir que pour nous renvoyer une image, pas forcément flatteuse, de nous- même et de nos sociétés La pensée développée par Aristophane plongée dans notre réel convoque le rire et quand dans Athènes transfigurée femmes et hommes se prennent à parler justice sociale, inégalités, compte ban-caire en Suisse, on hoche un peu la tête. Malgré tout le thème central reste le pouvoir au sens large celui qu’on fustige, celui que l’on prend, celui qu’on regrette d’avoir donné qu’il soit politique, familial ou social.
Les séquences jouent du comique notamment lorsque les femmes interdites d’assemblées se travestissent en homme pour s’y rendre incognito et voter afin de manifester leur révolte, en un rien de temps la confusion règne sur le plateau lorsque les hommes se perdent entre leurs vêtements, leurs femmes, leurs références…Et lorsque les femmes se livrent à l’exercice de la prise de parole en public, parce qu’il faut bien parler au peuple, à cet instant le public ne peut que retrouver des travers bien connus qui déclenchent les rires.
Tous les acteurs portent le masque qui n’est en rien ici un artifice mais le moyen pour eux de donner vie au personnage tout en se dégageant de l’aspect psychologique de celui – ci. La gestuelle qui accompagne le masque et construit chaque rôle est précise et chaque acteur développe avec technicité un travail gestuel excellent. Chaque corps répond à la situation dans ce récit masqué dont la forme choisie devient sur la durée une évidence.
Tabouret, escabeau, écran, lampes, costumes etc.… La relation à l’objet est au cœur de la mise en scène … Ça valse, ça change à chaque séquence, un peu trop sans doute. On aimerait un peu de calme et un peu moins de volonté à étonner ; la profusion d’informations rend parfois l’attention difficile et provoque un recul face à un jeu qui flirte avec le démonstratif. Le rythme est soutenu, mais on aimerait respirer de temps en temps. De même un peu plus de nuance dans les voix qui restent souvent dans la même tonalité donnerait sans doute du relief au texte ; également un meilleur dosage de l’intensité dans la déclamation nous éviterait de perdre le fil des mots. Mais ce sont les premières représentations.
Les spectacles de masque sont rares, cette bouffonnerie très d’actualité est réjouissante mal-gré quelques imperfections.
L’Assemblée des Femmes
Compagnie Le Roi des Fous
Texte Alicia Robledo (avec la collaboration d’Olivia Algazi) d’après l’œuvre d’Aristophane • Mise en scène Emilie Chevrillon
Vu le 9 mars au Théâtre de l’Opprimé Paris 12