Il y a, au tout début, le bruit inquiétant au loin. Celui d’une route. Que font-elles là ces ados en petites jupettes ? Et puis une gifle qui part dans la cour d’école. Ellie et Bee étaient pourtant comme les deux doigts de la main. Mais depuis « l’accident », elles ne se parlent plus. Inspiré d’un fait divers survenu dans une banlieue populaire de Sydney, L‘aire poids-lourds braque ses projecteurs sur une jeunesse à la découverte de son identité, à l’heure des réseaux sociaux, des amitiés à la vie à la mort, et d’une sexualité naissante. Un thriller haletant et captivant.
À 14 ans, elles sont encore des enfants, elles jouent d’ailleurs à se faire peur et à se lancer des défis. Cap ou pas cap ? Elles passent leurs journées à parler des garçons, à fixer leur téléphone et à trainer à la sortie du collège. Il y a Ellie qui vit dans un foyer recomposé, où le père est absent depuis toujours, et où le beau-père la reluque avec insistance. Elle cache au fond d’elle un lourd secret.
Son amie, Bee, est une bavarde, elle aime provoquer et elle a le langage cru, et son modèle, c’est Rihanna. À son âge, elle a déjà un petit copain mais il la traite mal : la preuve, l’autre jour, il lui a craché dessus. Une troisième fille vient d’arriver au collège, Freya, une nouvelle d’origine indienne qui a emménagé en Australie depuis Bangalore. Son éducation religieuse lui donne des envies de liberté. Acceptera-t-elle de suivre ses nouvelles amies dans leur dangereux voyage ?
Quand Ellie se retrouve à l’hôpital, on ne sait pas ce qui lui est arrivé, un trou noir, comme si elle-même avait perdu la mémoire. Elles ont voulu jouer aux grandes et jouer avec le feu. Le récit va remonter le fil de ce drame, comme un film, par flashbacks et touches successives, en faisant monter la tension dramatique. Au plateau, un dispositif simple et efficace composé de tréteaux, et la présence d’une créatrice sonore qui vient sculpter l’espace et accompagne aussi bien les paysages extérieurs que les états intérieurs des personnages. La création lumière magnifique nous plonge dans un univers mi fictionnel mi réel. L’écriture acérée et nerveuse de Lachlan Philpott ajoute un aspect mystérieux au récit et se veut sans jugement. Elle permet d’ouvrir les questionnements et nous laisse désarmés face au destin de ces 3 amies.
L’aire poids-lourds, de Lachlan Philpott, mise en scène par Carole Errante au théâtre des Carmes dans le cadre du festival d’Avignon, du 5 au 26 juillet 2025 à 15h25, relâches les mardis 8, 15 et 22 juillet
Le Festival d’Avignon se tient jusqu’au 26 juillet. Retrouvez tous nos articles dans le dossier de la rédaction.
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