Le Théâtre de la Tempête accueille jusqu’au 11 février La Solitude des mues, un beau spectacle de Naema Boudoumi sur l’adolescence.
Daphné (Shannen Athiaro-Vidal) et Emma (Clara Paute) sont meilleures amies. Pardon : Pastèque et Kiki. Depuis qu’elles ont découvert la culture japonaise par le biais d’internet, c’est ainsi qu’il faut les appeler. Leur amitié fusionnelle repose donc sur leur japomania, un japonisme 2.0 particulièrement instagrammable.
Tellement instagrammable que Kiki est repérée par une star de la culture pop nippone. Un succès qui aura raison de cette amitié si réconfortante et précipitera Kiki dans les abîmes de la dépression plutôt qu’au sommet de la gloire.
La réussite principale de La Solitude des mues est de lier plusieurs thèmes et esthétiques sans perdre ni lasser son public.
Fusion thématique d’abord : Naema Boudoumi, grâce aux personnages de Pastèque et Kiki, mêle avec bonheur observation de la sociabilité adolescente et exploration de la culture pop japonaise passée à la moulinette des réseaux sociaux.
Fusion esthétique ensuite : alors que les costumes et le jeu marionnettisé des actrices nous plongent au début de la pièce dans l’univers du cosplay, l’incarnation du rêve et des hantises les plus cachées par la circassiennne Élise Bjerkelund Reine fait basculer le spectacle dans un univers fantastique, où l’inquiétante étrangeté freudienne colonise le quotidien.
La Solution des mues, Naema Boudoumi (texte de Naema Boudoumi et Arnaud Dupont), Théâtre de la Tempête, jusqu’au 11 février.
Visuel : ©Luc Battiston