Au théâtre Montmartre Galabru, l’autrice, chanteuse et danseuse s’empare avec humour et intelligence d’un sujet très sérieux : les fantasmes.
Avant d’entrer en salle, nous sommes invité.es à déposer nos pensées les plus sales sur un petit bout de papier, de façon totalement anonyme. Un fantasme. Qu’est-ce que c’est d’abord ? Quelque chose d’inaccessible ou bien un projet à réaliser à court terme. On verra au fur et mesure de ce spectacle aux allures de cabaret que la vraie beauté se niche dans l’impossible.
Ensuite, elle entre, en absolue diva, avec une longue cape dorée. Elle prend la scène comme la rockstar qu’elle est, forte de plusieurs albums dont le dernier, Tarantelle et Vaudou est un bijou d’ailleurs. Mais revenons à nos talons très hauts. Elle est là, en body très décolleté, nippies apparents et manches à franges sur les bras. Aux pieds, 15 centimètres rouge pailleté. Elle en impose avec bienveillance. Elle sourit et désarme avec douceur toutes nos peurs.
Le spectacle très bien structuré intègre de l’improvisation dans sa structure. Elle tire au sort les petits papiers et elle, en fonction de ce qu’elle lit, délire avec exigence. Candaulisme, pegging, triolisme, voyeurisme… elle raconte l’histoire de ces pratiques, les décrypte et vient questionner les spectacteurices au plus près, jusqu’à leurs genoux ! Hier, trois chanceux et une chanceuse sont monté.es sur scène pour devenir les esclaves très consentants de l’artiste.
Au fil de ces 69 minutes (évidemment !), on rit beaucoup, on lit entre les lignes, on devine les non-dits. Elle casse les tabous d’un coup de fouet très bien donné, elle nous impressionne en lectrice de poèmes (les superbes vers d’Emmanuelle Jay), elle finit de séduire en chantant le si juste « Si je dis oui » qui parle de toutes les injonctions faites aux femmes. Et puis, il s’est passé quelque chose que l’on n’attendait vraiment pas en allant voir un spectacle qui parle de cul un samedi soir à Montmartre. Nous avons été touché.es en plein cœur par ce fantasme impossible, celui d’un mari amoureux qui voudrait que sa femme monte à bord avec lui, mais elle ne peut pas, elle a peur. Il ne réalisera jamais ce fantasme. Il est joli et doux ce vœu, tellement loin de tout ce que l’on aurait pu imaginer.
Julia Palombe prouve une nouvelle fois qu’elle est une artiste très plurielle, qui ne cesse de nous surprendre.