La Casa de Bernarda Alba d’après Federico Garcia Lorca au Théâtre de Nesle

Désirs inassouvis

La pièce se déroule dans la maison de Bernarda, une mère austère qui enferme ses quatre filles pour mener un deuil strict de huit ans après la mort du père. Des désirs grandissent alors, rapidement ravalés par la répression. Dans une mise en scène dynamique, qui convoque la marionnette et les jeux de lumières poétiques, la pièce explore ces désirs refoulés. Se marier ou ne pas se marier, vouloir simplement être aimée, être libre et partir. La mère en marionnette, figure de la répréhension, se voit être interprétée tour à tour par chacune des comédiennes et trône au centre de la scène telle une menace constante. Mais dans ce décor rougeoyant, obscur et symbolique, une volonté générale d’émancipation et de liberté se dessine, puissante et radicale.

« Naître femme est le plus grand des châtiments »

Par cette phrase provocatrice, la pièce prend tout son sens : « Naître femme est le plus grand des châtiments ». Elle prend parti, celui du féminin, et met en lumière des relations de sororité complexes, des rapports hiérarchiques, familiaux et de classes sociales avec humour et poésie. Monstrueuses, sournoises, compétitrices, chacune des femmes dépeintes poursuivent leurs désirs, prêtes à tous les sacrifices. Tout au long de la pièce, la rébellion plane au-dessus de la maison, annoncée fatale par une apparition fantomatique…