Yousra Dahry revient sur son histoire, sur sa vie. Kheir Inch’Allah est un récit autobiographique rempli d’autodérision, comme si rire de soi, de sa famille, de sa culture était un moyen de faire passer ce qu’on a vécu et d’avancer. Un seul en scène prenant à retrouver au Théâtre Episcène pendant le Festival OFF d’Avignon.
Yousra Dahry a aujourd’hui 33 ans. Elle est d’origine belge et marocaine et a grandi à Bruxelles au milieu des Draris, les jeunes de son quartier. Elle débute son long monologue dans une lumière violette, avec pour fond sonore le bruit du vent, comme un sifflement, un passage. Son corps se découpe, son visage apparaît, partiellement. « J’suis peureuse », tels sont ses premiers mots, des mots qui en disent beaucoup, ou trop peu. Une peur légitime, celle d’affronter la vie, de devoir s’affirmer, devenir femme tout en se confrontant aux diktats de la société. Yousra est fille unique et a vécu dans une famille qui l’a aimée : une mère qui a eu du mal à la laisser partir et un père qui avait échafaudé des plans pour elle, ou plutôt pour ce fils qu’il n’a pas eu. Yousra est une femme qui a grandi avec le code des hommes, une femme qui s’est perdue et qui tente de se retrouver, mais pour ça, elle doit tuer, se tuer.
Kheir Inch’Allah est un seul en scène qui ne s’arrête pas. Yousra parle sur un rythme soutenu, les mots fusent, comme si elle était pressée de tout dire, de tout faire sortir. Elle enchaîne les phrases, les scènes, les situations et devient les personnes dont elle parle : tantôt son père, tantôt sa mère, les draris, un libraire, … Elle raconte avec beaucoup d’humour ce qu’elle a traversé, comment elle s’est éduquée au milieu des hommes, comme si elle en était un, jusqu’à s’oublier totalement. Et puis sa féminité la rattrape, et son monologue prend des tournures féministes, engagées. Elle est une femme mais pourtant elle ne connaît rien de son propre genre, seules des idées préconçues lui parviennent, alors elle doit apprendre par elle-même.
Yousra Dahry se livre sans barrière et on reçoit tout ce qu’elle dit.
Au Théâtre Episcène du 7 au 29 juillet à 18h10. Relâche les 10, 17 et 24 juillet.
Mise en scène : Mohamed Ouachen ; Interprète(s) : Yousra Dahry ; Assistante dramaturgie et production : Samira Hmouda ; Regard dramaturgique : Bwanga Pilipili ; Scénographes-costumières : Selay Ovski, Rabia Id’Said ; Création lumière : Tarek Lamrabti ; Régie générale : Valentine Bibot ; Régie : Caroline de Decker ; Production/Diffusion : Le Rideau
Visuel : ©Anne-Flore Mary, Yousra Dahry dans Kheir Inch’Allah