La pièce écrite et mise en scène par Soeuf Elbadawi est présentée aux Francophonies de Limoges à l’occasion des Zébrures d’Automne. L’intrigue traite de l’incarcération d’un homme blanc dans une prison des Comores.
La pièce débute dans une cellule : un homme blanc est incarcéré et interrogé par différents représentants de la justice, accusé d’être membre d’un parti révolutionnaire. Dans la cellule voisine, un homme, incarné par Soeuf Elbadawi, fait sa prière tout en interagissant avec son voisin. On comprend que l’homme blanc est accusé à tort, pris dans une toile de manigances politiques. On suit le sort de cet homme se décider indépendamment de sa véritable implication, sur des sujets qui le dépassent.
Plusieurs personnages interviennent tour à tour : d’abord un brigadier, puis son chef, et enfin un membre du gouvernement qui aura le dernier mot. Le titre, volontairement provocateur, est choisi par l’artiste activiste pour confronter les stéréotypes de domination raciale.
Un texte d’une poésie et d’une éloquence forte. Il représente le conflit intérieur à la fois dans l’écriture et la mise en scène, dont l’esthétique centrale s’articule autour de la cellule des deux hommes, séparée par un mur de papier. Il invite à une rétrospection collective sur les problématiques contemporaines des pays survivants de la colonisation, ainsi que sur le racisme institutionnalisé. L’auteur cherche à secouer son spectateur en élaborant une intrigue complexe et réaliste ; le cadre se situe dans les îles des Comores, mais le propos est universel. Il s’intègre lui-même dans la pièce, participant ainsi à cette rétrospection sur le rôle de l’artiste dans l’histoire, la mémoire et la dénonciation des injustices.
Soeuf Elbadawi est un artiste et activiste profondément engagé dans la défense des droits humains et la lutte contre les inégalités, notamment celles héritées du colonialisme. En tant qu’intellectuel comorien, il utilise son art, que ce soit à travers le théâtre, la poésie ou l’écriture, comme un moyen de résister aux injustices sociales et politiques. Il aborde des sujets complexes tels que la mémoire coloniale, le racisme et les relations de pouvoir entre le Nord et le Sud, en mettant en lumière les luttes des peuples marginalisés.
Visuel : © Christian Péan