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19.11.2024 → 21.12.2024

« Je ne suis pas arabe », entre humour et fantaisie

par Julia Wahl
20.11.2024

La Reine blanche accueille jusqu’au 21 décembre Je ne suis pas arabe, de Élie Boissière, mis en scène par Alexis Sequera, avec Élie Boissière et Ahmed Amine Ben Feguira.

Elie va bientôt être papa. Mais sa fille refuse de sortir. Peut-être lui manque-t-il la présence de sa future arrière-grand-mère, qui ne veut pas reconnaitre ce fruit d’une union de son petit-fils avec des gens qui « ne sont pas comme nous ». C’est-à-dire arabes. Pourtant, l’arrière-grand-mère vient d’Oran et s’appelle de son nom de naissance Mahdjouba Akrour. Alors, que veut dire ce déni de ses origines ? Pour essayer de le comprendre, Elie plonge dans l’enfance algérienne de la vieille dame, à la manière d’une Alice au pays des merveilles oranaise, dont le palais de la Reine de cœur serait cet Oran d’avant-guerre, dirigé par le maire d’extrême-droite Lambert.

 

« Oran, ça n’existe pas »

 

Puisque sa grand-mère a décidé que « Oran, ça n’existe pas », Elie Boissière invente un Oran merveilleux, où se côtoient des personnages plus fantaisistes les un·es que les autres. Le texte écrit avec Ben Popincourt entraîne en effet le narrateur dans un monde où un muet peut vous indiquer votre chemin et où un grain de riz devient la clé d’un hôtel. C’est cette galerie de portraits loufoques qui fait le sel – puisque l’on est dans les métaphores alimentaires – de la pièce et qui fait de l’ombre au monde enchanté de Lewis Caroll. Dans l’Oran de Elie Boissière, tout est possible.

 

La réussite de ces portraits repose également sur l’interprétation de Elie Boissière qui outre – parfois peut-être un peu trop – les principales caractéristiques des personnages. La création lumière de Nathan Sebbagh et l’interprétation musicale de Ahmed Amine Ben Feguira viennent souligner cette incarnation de figures parfois comiques, parfois inquiétantes, toujours extravagantes. Il n’est pas certain que l’on en sache à la fin davantage sur le déni de Mahdjouba, mais peu importe en réalité : le monde magique dans lequel on a vécu pendant une heure vaut de se perdre un peu en route.

 

 

Je ne suis pas arabe au Théâtre de la Reine blanche, jusqu’au 21 décembre.

 

Visuel : ©Julien Giami