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30.06.2024 → 16.07.2024

« Hécube, pas Hécube », la colère feutrée de Tiago Rodrigues au Festival d’Avignon

par Amélie Blaustein-Niddam
26.06.2024

Le directeur du festival reprend sa casquette de metteur en scène et réunit la troupe de la Comédie-Française pour un spectacle aussi dur que beau sur « la tragédie » en faisant dialoguer « la justice » et « la vengeance ».

« J’ai été trahie par l’État »

Hier soir, nous étions le 30 juin 2024. Le public commente, les larmes aux yeux et le souffle court, les résultats qui viennent de tomber. Le Rassemblement national compte dans ses rangs 12 millions d’électeurs et d’électrices défendant une culture de tradition, de patrimoine et de divertissement. La sensation du village gaulois est totale dans l’entre-soi des spectateurs et spectatrices du théâtre public, qui s’oppose par nature à un culte de la tradition, du patrimoine et du divertissement comme objectif premier. Mais le théâtre public n’est pas opposé à la tradition, au patrimoine et au divertissement.

Regardez

Nous sommes sur la commune de Boulbon (57,92 % pour le RN), où se trouve l’un des plus beaux lieux du festival, la Carrière de Boulbon, que Tiago Rodrigues a souhaité réintégrer dès son arrivée l’année dernière. Sur scène, il y a une grande statue recouverte par un voile noir. Une table de travail en avant-scène et une autre en arrière-scène. Le reste de la carrière est vide, éternellement belle. Ils et elles arrivent et s’installent. Ils et elles sont des icônes, les plus grand.e.s comedien.n.e.s que nous ayons. Ils et elles font partie de  la troupe d’État, celle de la Comédie-Française. En l’occurrence : Éric Génovèse, Denis Podalydès, Elsa Lepoivre, Loïc Corbery, Gaël Kamilindi, Élissa Alloula et Séphora Pondi.

« Hécube réclame justice et vengeance et nous sommes le chœur »

La troupe répète à table, nous sommes au début, la première est dans longtemps, elle a le temps, « tranquille ». Elle en est à la toute première lecture d’Hécube, une pièce d’Euripide qui raconte l’histoire d’Hécube, donc, épouse de Priam, mère de nombreux enfants, dont Hector, Cassandre et Pâris. Lors de la prise de Troie, Hécube fut faite prisonnière et échut à Ulysse. Elle devint esclave. Un jour, elle découvre le corps égorgé de Polydore, son dernier fils, qu’elle pensait vivant et en sécurité auprès du roi des Thraces. Hécube espère donc se venger de ce roi, voleur de leur fortune et meurtrier de son fils. Justice. Vengeance.

« Je suis prête à aboyer, aboyer, aboyer, aboyer. Aboyer pour le reste de ma vie s’il le faut »

Tout l’axe du spectacle est de mêler l’histoire d’Hécube à celle de Nadia, campée par l’impériale Elsa Lepoivre, à qui Tiago Rodrigues offre un seule en scène augmentée. Dans la vraie vie, Nadia a un fils, Otis, fan d’Otis Redding et autiste. Et un jour, elle a dû le placer dans une maison d’accueil. Mais voilà, cela se passe mal, très mal, Ottis est maltraité. Elle porte plainte. Elle aboie. Et tout se mélange. Son rôle et sa vie. Elsa Lepoivre prend le texte dans son ventre, tout en retenue. Elle dit la honte, la culpabilité, quand son avocate, (la puissante Séphora Pondi) lui assène, pour la préparer au pire : « Quel genre de mère laisse son enfant à d’autres personnes, au moment où il a le plus besoin d’elle ? »

« Pas d’ordre, pas d’amour »

Le vrai texte, celui d’Euripide, est un prétexte, il n’est lu que par bribe, jamais joué sérieusement. Loïc Corbery excelle particulièrement bien dans cet exercice de faux-semblant. Éric Génovèse est parfait en acteur voulant accéder. Denis Podalydès brille autant en Agamemnon qu’en procureur, Gaël Kamilindi et Élissa Alloula campent la jeune garde, celle qui fait front, qui alerte contre des mots insupportables. Dans son rythme, la pièce délaisse la fiction pour l’histoire vraie et glisse au plus profond dans les horreurs kafkaïennes de la maltraitance. Hécube, pas Hécube se base sur une histoire vraie, une vraie tragédie. Comme à son habitude, Tiago fait du beau avec beaucoup d’âme. On entendra pas mal de chansons d’Otis Redding, le plaisir est immédiat à l’écoute de la voix soul dans une scène de danse posée là pour nous laisser respirer entre vraie vie et beau théâtre.

La tragédie n’est jamais une fiction

À la fin, c’est du pur théâtre, juste et beau, sans vengeance. Tiago utilise Boulbon à la perfection et comme toujours, il arrive à nous faire (un peu) sourire dans ces temps sombres. Lui qui nous a fait apprendre par cœur un sonnet de Shakespeare contre le fascisme, rappelle avec Hécube, pas Hécube que la tragédie n’est jamais une fiction. À la fin de la pièce, Tiago Rodrigues a appelé à une Nuit d’Avignon ouverte à tous et toutes, dans la Cour d’honneur, entre le 4 et le 5 juillet, à partir de minuit et demi, pour se mobiliser et se battre ensemble pour que le 7 juillet, « le festival n’entre pas en résistance, mais en célébration ».