Aux Plateaux Sauvages, jusqu’au 10 février, Le Groupe Fantôme raconte une grande et belle histoire. Il est question d’un futur heureux, écologique, positif. Une fiction ?
Tout commence par trois voix. Nous entendons presque en écho, venant d’ici et de là Clément (Aubert), Romain (Cottard) et Paul (Jeanson) nous raconter leur vie de là-bas. Là-bas, c’est plus tard, après, bien après. Mais, à l’échelle de temps de notre planète, bien après, c’est demain. Leur futur est une utopie 70’s. Le travail est aboli, l’argent aussi. L’amitié et l’amour règnent, le sexe se partage comme un bon dîner avec de bons produits. C’est le bonheur. La guerre, les épidémies, les dictatures : disparues ! Mais quelque chose cloche. Car nous entendons des voix, mais nous voyons autre chose. Sur scène, une tente aux allures d’igloo nous indique que la forêt n’est pas loin.
Le ton est donné. L’humour domine. Le second degré est permanent, dans une ironie de tout. Le Froupe Fantôme décale tout, le récit, la musique, les chansons, les lumières. Il se place dans la droite ligne des esthétiques et des sujets de deux autres collectifs de théâtre, Raoul Collectif pour les années 2010 et, plus récemment, Le Beau Monde d’Arthur Amard, Rémi Fortin, Blanche Ripoche et Simon Gauchet. Dans un ressort souvent actionné dans le spectacle vivant, le récit cache sa profondeur sous des couches épaisses de légèreté. Car, qui peut croire que le futur sera heureux quand des bêtes rodent ? Faut-il apprivoiser les bêtes ?
L’histoire, qui prend des allures de conte, nous propose de revenir au commencement, à ce qui a entraîné ce futur heureux. Notre trio fait la rencontre d’un promeneur, Émile (Serrault). Malgré l’hostilité malveillante du groupe à son égard, Émile insiste. Il insiste encore jusqu’à avouer pourquoi ce lieu est pour lui un lieu de mémoire et pourquoi il ne partira pas. Non seulement il intègre le trio d’amis, mais surtout, il le transforme en lui faisant comprendre que, en affrontant nos peurs, il est possible d’obtenir un monde plus juste.
Futur est une allégorie faussement légère de notre siècle qui n’en finit pas de commencer si mal. Rions du pire, puisque c’est grave et, surtout, croyons un peu aux miracles. Qui sait, la méthode Coué fonctionnera-t-elle peut-être un jour, dans le futur ?