Avec Olympe, pièce écrite et mise en scène par Franck Salin (Frankito), Firmine Richard s’embarque à 77ans dans un « seule en scène » accompagnée par les musiciens Edmony Krater et Eugénie Ursc. Le texte écrit à partir des œuvres et de la correspondance d’Olympe de Gouge résonne dans la salle du studio Hébertot ; pour Firmine Richard les combats de cette intellectuelle et femme politique française sont les siens.
Olympe de Gouge, on en connait le nom, on n’en connait pas forcément l’engagement envers la cause des femmes, la force de caractère et la fin tragique. Dans la vague actuelle d’un renouveau du féminisme elle est réapparue récemment triomphante, non comme un modèle mais comme une femme hors normes, suscitant l’admiration. Impressionnée par la personnalité de cette militante, Firmine Richard donne corps à son histoire dans un décor sobre, un mur de pierre, un lit, un broc au pieds du lit : sa cellule. On est à Paris à l’automne 1793, Olympe de Gouge est emprisonnée sur ordre de Robespierre peu sensible à ses prises de po-sition que l’on qualifierait aujourd’hui de féministes. Elle attend son procès.
Firmine Richard s’empare avec force des combats de cette battante mêlant dans son jeu so-briété et puissance. Engagée aux côtés d’Olympe l’égalité en droits est son affaire et l’opprimé son ami. Le droit à l’écriture pour les femmes, la création de maternités, la reconnaissance des enfants illégitimes, le droit au divorce et à l’union libre… autant de luttes qu’elle partage mais qui ont fait d’Olympe une révolutionnaire mais plus souvent une hystérique. Zamore et Mirza ou l’heureux naufrage (1785) la première pièce écrite par Olympe de Gouge, inscrite au répertoire de la comédie française, qui dénonce le sort des esclaves noirs dans les colonies, rejoint ses préoccupations.
Sur scène, tout son être est mobilisé pour dire les tourments et les espoirs déçus. Les mots semblent sortir de son corps, elle danse, marche lourdement ne rejetant ni la blessure au genou d’Olympe ni la faiblesse d’un corps épuisé. Sa présence est forte et sa voix teintée d’ac-cent nous livrent le texte sans ostentation. L’art de la nuance irrigue son interprétation.
Une grande solitude émane de ce corps contraint, la description des épreuves nous livre la dureté d’une époque. Lutter pour la liberté et l’égalité dans un monde d’hommes et affirmer la volonté de réclamer une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne nous dirions « il faut oser ». Proclamer que les femmes veulent jouir de la révolution demande également de l’audace. La pièce déroule ce parcours d’une prisonnière politique à laquelle sobrement mais fermement Firmine Richard rend hommage.
Olympe de Gouge, qui avait déclaré « si une femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune », fut guillotinée le 3 novembre 1793. Le chemin vers l’égalité est infini pour les femmes.
Visuel : ©Marie-Charlotte Loreille
Vu au Studio Hébertot le 5 avril 2025
Tournée prévue saison 2025/2026