Est-il possible de réinventer l’écriture d’un conte ? De narrer autrement une histoire d’amour ? Une rencontre entre deux personnes aux destins opposés qui convergent irrémédiablement l’un vers l’autre ? Eh bien oui, et c’est cette prouesse que réussit Félix Radu avec sa pièce Rose et Massimo portée par une écriture où la beauté de la langue se mêle à la puissance des émotions.
Félix Radu s’empare d’une trame narrative que l’on connaît tou.te.s à travers les différents contes lus dans notre jeunesse, des histoires entendues avant de s’endormir. Il nous parle de princesse, d’amour, de rencontres, d’amitié, de tromperie, mais il nous en parle autrement. Le jeune comédien et dramaturge Félix Radu a cette capacité de jouer avec les mots : quand ils tombent sous sa plume, ils deviennent des mélodies, des images, des tableaux, il les fait danser et sonner et c’est un plaisir de les écouter.
Le texte de Rose et Massimo est drôle, léger, tout en traitant de sujets qui nous concernent tou.te.s, des sujets graves et profonds. Il est ponctué de métaphores, un dialogue constant entre la langue et la réalité. La vie devient ainsi un piano, cette ligne du temps avec un passé plus grave et un futur plus léger et dont le présent n’est ni tout blanc, ni tout noir, mais une alternance des deux. Quant à l’amour, il se transforme en poignard dont « on ne meurt que quand on le retire » ou en valse, « ces rendez-vous manqués qui font danser les amoureux ». Tout n’est qu’images créées, si bien que c’est l’imagination qui prend la relève, transformant chacune des paroles en une délicate visualisation.
Félix Radu est accompagné de trois autres comédiens – Lou Noérie (Rose), Hugo Lebreton (Aldo) et Lionel Nocentini (Burus) – et l’on sent à travers leur jeu toute leur complicité. Ensemble, ils portent la pièce jusqu’à son apogée, ne cessant de surprendre par leur interprétation : ils font rire par leur naïveté, ils font pleurer par leur sincérité. Ensemble, ils parlent de ce qu’ils ressentent, de ce qu’ils désirent intensément. Ils se blessent car ils sont brisés, ils se soutiennent quand ils sont blessés.
Rose et Massimo est un conte aux tournants tragiques qui traite de questions existentielles. Un conte qui multiplie les citations et les références, un conte qu’il est possible d’écouter en images.
Au Théâtre du Girasole à 15h45 du 7 au 29 juillet. Relâches les 10, 17 et 24 juillet.
Avec : Lou Noérie, Félix Radu, Hugo Lebreton, Lionel Nocentini ; Collaboratrice artistique : Corinne Jahier ; Décor : Valérie Guy, Sean Dunbar, Alain Sachs ; Costumes : Hervé Delachambre ; Musique : Patrice Peyriéras ; Lumières : Muriel Sachs, Moïse Hill ; Chorégraphie : Patricia Delon
Visuel : ©Yoan Loudet, Félix Radu et Hugo Lebreton Rose et Massimo