Croyez moi, vous ne franchirez plus la porte d’un magasin de vêtements de la même manière après avoir vu « FAST », spectacle détonnant concocté par une compagnie belge, INTI, qui se veut être l’héritière d’un théâtre « qui éclaire, qui bouscule et qui questionne ». Au départ, il y a l’histoire banale d’un tee-shirt jamais porté et oublié dans une armoire. À l’arrivée, c’est la dénonciation de tout un système qui dévore et qui tue, qui manipule les cerveaux et qui fera de vous de grands pollueurs. Qui aurait dit qu’il y avait tout cela dans un simple bout de tissu ? Un spectacle brillant et éminemment politique.
Didier a un petit soucis. Depuis qu’il a débuté l’enquête pour préparer « FAST », la mode commence à l’intéresser. Choisir les matières, accorder les couleurs, il s’est laissé prendre au jeu. Et il les a écouté tous ces jeunes qui parlent du soin qu’il ont à choisir leurs vêtements. Ça le touche.
Seulement, les chiffres sont là : l’industrie du textile, c’est plus de 400 milliards de m2 de tissus produits chaque année et 14 000 tonnes de microparticules. Mais ne vous y trompez pas, Didier (Poiteaux) et son comparse Olivier (Lenel) ne sont pas là pour vous culpabiliser. D’ailleurs ils vont même organiser un défilé en direct devant vous où vous pourrez apercevoir une chemise à jabot portée à l’envers et une espèce de gros sac en skaï avec option épaule dénudée. Entre humour décalé, interludes ludiques et interactions avec le public, vous n’en perdrez pas une miette.
Derrière une mise en scène au rythme haletant, les deux trublions tapent dans le mille. Ils ont mené une véritable enquête à base de rencontres de professionnels du milieu de la mode, d’influenceurs repentis, de vendeurs, et d’ouvriers textiles à qui ils donnent la parole dans un soucis de comprendre comment on en est arrivé là. Et cela avec le soucis de rendre hommage à toutes les personnes qui participent malgré elle à un système bien huilé, depuis des décennies (coucou les Nobles et les Bourgeois qui sont les premiers à vouloir faire du vêtement un marqueur social même s’il s’agit de bas blancs et de jupons bouffants).
Mais « FAST », c’est surtout un ton pince sans rire, une traversée joyeuse et drôlissime, une adresse directe et complice avec le public, qui nous fait entrevoir une autre manière d’envisager nos propres désirs et notre rapport à notre identité. Une utopie possible. À consommer de toute urgence!
Du 5 au 26 juillet à 10h30 au Théâtre des Doms, relâche les 9, 16 et 23 juillet
Le Festival d’Avignon se tient jusqu’au 26 juillet. Retrouvez tous nos articles dans le dossier de la rédaction.
Visuel : © Ryszard Karcz