Eurydice aux Enfers a fait partie de la Sélection Coup de cœur du Club de Presse Avignon 2022. C’est donc pour la seconde année consécutive qu’il est possible de le découvrir au Festival Off d’Avignon. Une plongée dans les antres des Enfers qui ne vous laissera pas indemne au Théâtre des Carmes Benedetto.
Par amour, Eurydice est prête à aller loin. Pour l’amour qu’elle a perdu, elle se lance dans une quête impossible qui semble perdue d’avance. Pourtant, tout du long, on espère… une petite boule de lueur persiste : et si elle parvenait à faire sortir des Enfers Orphée ? A mettre à mal un système dument conçu ? Et s’il était possible de déjouer la mort ? Mais à quel prix ?
Eurydice aux Enfers est un voyage initiatique, une réécriture inversée d’un mythe ayant traversé les siècles. La notion de deuil y est centrale : Comment et pourquoi continuer à vivre quand on a perdu ce qui nous faisait vivre ? Quel sens donner à la vie ? Eurydice est dévastée par la disparition de cet homme qu’elle aime tant, elle refuse de se résigner, elle ne comprend pas qu’il accepté son sort. Ni que la mort le prenne et l’emmène. De cet amour perdu ne restent que des flashs, des instants fugaces, des souvenirs qui apparaissent alors qu’Eurydice descend toujours plus bas sous terre. Ces moments de vie sont puissants, ils font oublier quelques minutes la réalité, comme si elle n’avait jamais existé. Mais Eurydice est continuellement ramenée à cette réalité, aux Enfers, et cette prise de conscience se fait de plus en plus violente, la poussant toujours plus loin.
« C’est cette puissance surhumaine réveillée par le deuil que j’ai voulu célébrer. » Gwendoline Destremau
La Compagnie de l’Eau qui Dort propose un spectacle visuel et sonore, une performance prenant appui sur l’imaginaire des spectateurs. La scénographie est réduite au strict minimum : rien. Pourtant, même si le plateau est à nu, on a l’impression de voir se matérialiser les différents lieux des Enfers grâce aux lumières, aux sons. Le Théâtre des Carmes accentue cette immersion avec ses immenses murs de pierre et sa charpente en bois : un lieu froid, ancien, vide.
Ce voyage qu’entreprend Eurydice est ponctué de rencontres au cœur des Enfers. Elle y croise de nombreuses créatures, parfois burlesques, inquiétantes, monstrueuses, attachantes, étranges, toutes interprétées par les trois autres comédiens. Grâce aux costumes, aux gestuelles, leurs interprétations sont totales et ces monstres prennent vie devant nous. Les effets sonores, les lumières colorées et la fumée accroissent ces transformations et ces inquiétantes apparitions – les voix changent, deviennent plus fantomatiques, des échos se créent,…
L’ambiance sonore composée par Arthur Dupuy est envoutante et primordiale dans le spectacle. Assis à cour devant son synthétiseur, il arbore un visage impassible recouvert d’un casque noir qui lui cache les yeux. Dès les premières notes, il nous enferme dans un monde oppressant, angoissant et lugubre créant des sons d’ambiance qui vous glacent le sang et vous figent. On plonge dans les antres de l’Enfer…
Au Théâtre des Carmes Benedetto du 7 au 26 juillet à 17h50. Relâches les 13 et 20 juillet.
Visuel : ©Eurydice aux Enfers