Est-il seulement possible d’adapter un livre qui est déjà, en soi, un répertoire acéré, une analyse cinglante, mordante, piquante des contes de notre enfance, sans perdre une miette de son mordant ? La réponse est un grand oui.
Nous avons eu la chance d’assister à la pièce tirée de l’ouvrage « Et à la fin, ils meurent », un texte de Lou Lubie, adapté et mis en scène par Antoine Brin et porté sur scène ce soir par Pierre-André Ballande, Grégoire Gouby, Clara Leduc et Leïla Moguez, et la promesse est tenue. Comme dans le livre, on traverse un balayage impitoyable des contes, de Cendrillon à Barbe-Bleue, avec des fins plus ou moins sanguinolentes selon les versions, des messages so 2025 et un sens du clin d’œil qui fait mouche.

Le casting est impeccable : jeu précis, timing comique redoutable, incarnation totale. Et surtout, quelle prouesse technique de tenir une mise en scène sans changement de décor, seulement quelques costumes détournés avec humour, pop culture et finesse, le tout avec un tel brio qu’on en oublie la contrainte.
Et du texte, il y en a. Beaucoup. Appris, porté, lancé, rythmé avec une maîtrise bluffante. Ce texte profondément ancré dans notre époque, traversée de troubles et de violences, résonne avec une force particulière, et rire de cette brutalité du monde a quelque chose d’étrangement salvateur. Une adaptation qui réussit l’impossible : garder l’ironie, la cruauté, l’intelligence du livre tout en offrant une vraie proposition de théâtre. Une pièce qui fait véritablement du bien.
Du 23 Novembre 2025 au 25 Février 2026 – Relâches le 24 Décembre 2025 et le 26 Janvier 2026
Lou Lubie
Antoine Brin
Sabrina Moguez
Durée: 1h10
Lieu : La Manufacture des Abbesses
Adresse : 7 rue Véron 75018 Paris 18e
Visuels © Sabrina Moguez