La compagnie Plexus Polaire s’attaque au mythe de Dracula, vu sous l’angle de la victime, la jeune Lucy qui dans un cauchemar semi-éveillé, va affronter son double, comme une sorte de démon intérieur. Une adaptation libre qui va chercher du côté de l’emprise et de la séduction, et qui est époustouflante visuellement, grâce au jeu virtuose des acteurs-marionnettistes et à une scénographie envoûtante.
Plexus Polaire et sa directrice artistique Yngvild Aspeli nous avait habitué à des performances captivantes, que ce soit dans son sublime et torturé « Cendres » qui nous transportait dans le Sud de la Norvège ou dans le mystérieux Moby Dick qui traitait déjà d’un mythe littéraire. Cette fois ci, c’est dans le fin fond de la Transylvanie que nous sommes conviés pour aller à la rencontre d’une autre légende, celle du prince Dracula et de sa victime en jouant avec nos perceptions. Cette jeune femme qui joue avec son reflet, et qui danse avec la bête rêve-t-elle ? Ou se dédouble-t-elle devant ce monstre à deux têtes au point de perdre la raison ? Dracula qui n’est plus qu’un pantin désarticulé, tour à tour effrayant et séduisant, en prince des ténèbres assoiffé de sang.
Le surnaturel surgit de partout, dans une série d’effets visuels et de trouvailles scéniques réjouissantes, avec en plus, une pointe d’érotime assumée. Le baiser de la mort est un moment suspendu lors duquel la jeune Lucy doit aussi manipuler la marionnette Dracula pour qu’elle l’enlace, dans un jeu qui joue sur l’illusion et l’ambiguïté.
Qui manipule et qui est manipulé ? Une métaphore filée à l’infini, puisque les marionnettes semblent flotter sans attaches dans les airs et que les marionnettistes deviennent leur jouet. Un cauchemar, entre fantasme et réalité, qui donne à cette création une force enivrante.
Dracula, Lucy’s dream au festival OFF d’Avignon à la Manufacture jusqu’au 24 Juillet puis en tournée le 2 Octobre 2023 à Ostrava en République Tchèque au Spectaculo Interesse et le 1er Décembre 2023 à St Michel-sur-Orge en France à l’espace Michel Carne (toutes les informations : www.plexus polaire.com)
Photo (c) Christophe Raynaud de Lage