A l’occasion du festival d’Avignon, du 7 au 29 juillet au petit théâtre de l’Atypik, la compagnie La Chouette Noire nous convie à assister à un clash culturel. Une battle de vers et de flow entre la poésie classique et le rap suburbain.
Vincent Renaudet et Michaël Delacour s’affrontent en duel sur le terrain de la poésie. Ils sont réunis pour répéter un show, mais la discussion dérape et bifurque vers une joute verbale, à coups de rimes et de figures de styles. Les deux comédiens nous guident à travers le cheminement des lettres, et nous montrent une tradition orale qui a traversé les siècles.
Argument & contre-argument… On adhère à cette déconstruction qui démontre que le classique défend les mêmes objectifs que des formes modernes d’expression poétique. D’abord le sens qui traduit une idée, puis l’impact qui procède du style et enfin le ressenti qui appartient à l’auditoire mais qui est l’aboutissement ciblé de ce processus. Dire les choses avec style, cadence et audace pour susciter l’effet désiré, tels sont les objectifs communs de la poésie et du rap ; et le message du spectacle.
Finalement la poésie des salons, réservée à la Cour du Roi Soleil existe encore, mais à la place de la poésie c’est du rap, et à la place de la plume c’est le micro que l’on saisit pour créer un espace partout hors les murs. Que la poésie soit accompagnée par sa rythmique, cela n’a pas changé. La musicalité des mots aime s’accompagner de refrains et de gimmicks pour appuyer le flow. La création de Valentin Martinie, donne accès à cette démonstration pour tous les publics.
Le premier avec sa coiffe d’aristocrate du XVIIIème, et le second, paré de sa casquette de rappeur, répètent. C’est le théâtre dans le théâtre pour démythifier l’un, démystifier l’autre. Vous avez reconnu la figure de style ? Celle qui consiste à associer des mots qui se ressemblent phonétiquement pour un effet accrocheur.
Explications de texte, leçons de vie, et échange de bons procédés nous donnent à voir et à entendre de la littérature scandée comme du rap ; et des rappeurs cités comme on déclame du Lamartine sur des beat mythiques de la culture suburbaine. Parfois en verlan, dans le sillon de Fabrice Luchini avec son nard-Re et tre-Mai beau-Cor. Les deux potes brouillent les codes en interchangeant les styles et les coiffes. Une bande sonore bien choisie nous transporte du jardin des Tuileries à la planète rap, et ça le fait !
L’auteur Vincent Martinie poursuit son travail par la publication d’un ouvrage intitulé FIGURES DE STYLE où l’on retrouve un maximum de procédés lexicaux issus d’exemples classiques et « rapologiques ». La troupe se produit dans les grandes salles municipales et les écoles. Elle est également éligible au Pass Culture. Plus qu’une œuvre, c’est un spectacle d’utilité publique.
De La Fontaine à Booba, de Valentin Martinie, Interprètes : Michaël Delacour, Vincent Renaudet en alternance avec Vincent Renaudet, ATYPIK THÉÂTRE, 72, rue de la Bonneterie, 84000, Avignon, 14h30, 15-22 euros.
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