Dans le très joli jardin du Carmel, le comédien Thierry Romanens et le trio électro-jazz Format A’3 donnent du souffle et de la sueur au roman au ryhtme fou de Jean Echenoz.
Le plein air n’est pas uniquement réservé au Festival d’Avignon. Son Off compte aussi des lieux sublime. Le tiers lieu La Respélid’ s’est installé dans cet immense et ancien Carmel, un poumon vert en pleine ville. C’est donc entre les pins et les platanes, sans les cigales qui hier s’étaient tues à cause la canicule, que nous découvrons les gradins que le théâtre du Train Bleu a posé là, comme au milieu d’une forêt.
L’idée de cocon est renforcé par le dispositif dramaturgique. Les spectacteurices voient la pièce munis d’un casque sans fil. Cela créé une distance un peu étrange, l’acteur-chanteur et les musiciens Alexis Gfeller, Fabien Sevilla et Patrick Dufresne (piano, violoncelle, pad), sont présents, très prés de nous, mais leurs voix et leur musique sont filtrées. Le son est parfait, comme à la radio. L’image est tout autour. Courir est une petite pépite feel good du OFF, un spectacle bonbon qui se regarde avec simplicité.
La pièce est le roman de Jean Echenoz. Elle raconte la vie très exceptionnelle de « l’homme qui va courir le plus vite sur terre ». Il s’agit d’Emil Zatopek. Si vous avez moins de 70 ans, vous ne connaissez sans doute pas ce nom, et pourtant, il est hautement cult ! L’athlète né le 19 septembre 1922 à Kopřivnice (aujourd’hui en Tchéquie) se prend rapidement de passion pour la course ; il aime ça, devient technique, très technique au point qu’on lui doit l’invention de « sprint final » et qu’il finit sa carrière en remportant trois médailles d’or aux JO d’Helsinki en 1952 : le 5,000 mètres, le 10,000 mètres et le Marathon.
Sur scène, Thierry Romanens tient le plateau entre voix parlée et voix chantée ; de temps en temps, il joue aussi de la guitare électrique pour augmenter sa petite foulée chorégraphiée par Florence Faure. Le comédien court, court de bon autour de son trio de jazz. La musique accompagne les exploits du phénomène jusqu’à sa dernière victoire.
Mais Courir raconte aussi la vie de l’autre côté du mur, entre censure et lois liberticides. Et pendant que le monde change et s’élance vers la liberté, lui, Emil, aura parcouru trois fois le tour de la terre…