Huis clos autour de deux anciens amants, Ce pays qui nous était destiné marque un grand moment de ce festival OFF.
Ils se sont tant aimés. Leur rencontre était digne d’une comédie romantique : elle à vélo, et lui en scooter. Et finalement une collision qui a mené à neuf ans de vie commune. Une douzaine d’années après leur rupture, Anna convoque Louis sur l’île où elle se repose. La star de cinéma a un cancer du sein. Elle souhaite que son ancien amant, professeur de philosophie, écrive ses mémoires. Un projet qui les amène à se plonger dans le passé, et à se questionner sur leur ancien amour.
De ce pitch simple et néanmoins puissant, la dramaturge Aurore Paris livre une pièce de théâtre efficace sur les amours blessés et les questions inévitablement liée à une rupture : ai-je vraiment été aimé ? Étais-je un « bon coup » ? On sent dès l’arrivée de Louis sur l’île une immense rancœur contre Anna qui l’a quitté pour un autre homme. Les mots partent dans tous les sens, blessent et fusent. Deux monologues s’enchaînent, Louis reprochant à Anna d’être une femme infidèle tandis qu’Anna l’enjoint à arrêter de se présenter comme une victime. La violence de l’homme reste très réaliste, tant les mots sont durs et la colère, parfois effrayante, présente.
Le texte est servi par deux comédiens maîtres de leur art. Vincent Menjou-Cortès, qui assure aussi une mise en scène sobre et néanmoins très évocatrice, campe un ancien amant à la limite de la toxicité, emporté par ses passions et ne maîtrisant pas toujours les conséquences de ses mots. Elle, Vanessa Fonte, irradie en star de cinéma oscillant entre l’assurance d’elle-même et le projet mesquin d’envoyer constamment des piques à son ex. Même si nous n’avons pas vu tous les spectacles, on parie que Ce pays qui nous était destiné contient la plus belle scène du OFF sur la chanson « Don’t leave me now » de Supertramp.
Ce pays qui nous était destiné, texte d’Aurore PARIS, mise en scène de Vincent Menjou-Cortès, jeu de Vincent Menjou-Cortès et de Vanessa Fonte, Au 11, Du 5 au 24 juillet à 18h35 (relâches les vendredi 11 et 18 juillet)
Le Festival d’Avignon se tient jusqu’au 26 juillet. Retrouvez tous nos articles dans le dossier de la rédaction.
Visuel : © Emmy Martens