Carnets de Galère est né d’une commande passée par la metteuse en scène Christine Letailleur à l’écrivain et dramaturge Aiat Fayez. Le récit bouleversant d’un jeune Afghan qui se retrouve confronté à son statut d’exilé. A découvrir au 11. Avignon pendant le Festival Off d’Avignon.
« L’étranger n’est pas rien, il est moins que rien, le miroir du néant. » L’étranger est un individu montré du doigt ou qu’on ne voit pas. Il erre dans un monde qui ne veut pas de lui et le rejette. Une vie de vagabond, sans aucun pied à terre, sans aucun lieu où se sentir chez soi, où l’on n’est pas à l’étroit.
Gulam Muhammed Abdul Hassan Kabouli est un jeune afghan arrivé à Amiens pour ses études. Épris de littérature et de la langue française il cherche à devenir traducteur, un lien tissé entre sa culture d’origine et le pays dans lequel il désir vivre. Mais, petit à petit, il sent peser sur lui le regard qu’on adresse à ceux qui ne sont pas d’ici. Quoi qu’il fasse, qui qu’il soit, Kabouli n’est pas de ce pays. « Les gens dans la rue me scrutent comme des chouettes ». Son existence est régie par une instance invisible : la haine et le mépris des autres.
Sur le plateau Marco Caraffa est accompagné deux valises et d’un sac à dos. Au fil du récit, même cette « maison » transportable disparait, le laissant totalement seul. Il n’a plus que ses livres qui deviennent « un chez soi à défaut d’avoir un pays ». C’est avec beaucoup de justesse que ce jeune comédien de 28 ans devient Kabouli. Il fait sien du récit d’un autre homme, comme si c’était lui qui l’avait vécu, comme s’il avait du traverser tous ces pays : la France, l’Allemagne, la Hongrie, l’Autriche. Comme si toutes ces galères, tous ces déboires lui appartenaient.
Carnets de Galère est un texte saisissant qui questionne la notion d’exil. Qui est-on quand on choisit de vivre dans un pays qui n’est pas le sien ? Pourquoi la persécution est-elle la seule réponse trouvée par la société ? Où aller quand le rejet est omniprésent ? Comment tenir quand on doit faire face à des problèmes administratifs de plus en plus conséquents ?
Carnets de Galère est une descente aux enfers bien réelle où « la solitude cède à l’isolement et l’isolement est dur à établir ».
Au 11. Avignon du 9 au 26 juillet à 19h25.
Visuel : ©Xavier Murillon