Flirtant avec la réalité et la fiction, le Collectif Superamas nous livre une démonstration implacable des mécanismes de l’emprise. A expérimenter sans tarder
Après « L’Homme qui tua Mouammar Kadhafi » présenté en 2019 à Avignon, le collectif Superamas revient au 11 avec « Bunker », un nouveau spectacle à la recherche de la vérité, avec en guest, deux acteurs cultes : Pauline Paolini et Diedrick Peeters.
Comme souvent avec eux, le spectacle débute par une séquence aux allures d’interview. Animée en direct parSuperamas, l’actrice Pauline Paolini se confie sur l’histoire de sa sœur jumelle, décédée rapidement après l’annonce de sa maladie et de sa rencontre, concomitante, avec un naturopathe plus que douteux. À la suite de quoi, Superamas propose à Pauline de comprendre ce qui s’est réellement passé, et d’en savoir plus sur le Docteur Kurtz. L’enquête peut démarrer !
Appels téléphoniques, filature, interview scientifiques, caméra-cachée : à la manière d’un documentaire filmé, nous suivons l’investigation qui permet à Pauline de mettre la main sur le Docteur Kurtz. Embarqués par le récit, captivés par les images, on vibre avec Pauline, cette femme qui ressemble à tant d’autres et que nous pourrions connaitre. Nous sommes saisis par l’intrigue, qui, au fil des scènes, se déplie en de multiples rebondissements. Le temps passe à vive allure et nous voilà happés.
Jusqu’à son dénouement, vertigineux.
Nous mesurons alors toute l’emprise exercée par cette habile mécanique, au service du théâtre. Car c’est bien de théâtre dont il s’agit ici. Comme viennent nous le rappeler les quelques indices qui s’égrènent au fil de la narration, mais auxquels nous n’avons pas prêté attention ou n’avons pas voulu voir, c’est selon. Pourtant, à la vue du Joker (facilement reconnaissable par son large sourire grimé) quand de temps à autre, il surgit des coulisses, le doute nous titille puis s’évapore très vite.
Car c’est bien ici que se trouve la grande force du spectacle, dans ses interstices. Ceux-là mêmes qui se jouent du théâtre, manipulent nos croyances et concourent à notre aveuglement. Un nouveau coup de maitre, signé Superamas.
Jusqu’au 21 juillet au 11
Et plus tard : en mars 25 à la Maison théâtre d’Amiens
Visuel © Superamas
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