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« Boule à neige », le délicieux archétype civilisationnel de Mohamed El Khatib et Patrick Boucheron

par Amélie Blaustein-Niddam
18.06.2025

Le Grand Palais et le Centre Pompidou font œuvre commune pour accueillir une presque rétrospective du travail de Mohamed El Khatib – ça s’appelle Le Grand Palais de ma mère et c’est formidable. Le Grand Palais devient une maison dans laquelle on a très envie de traîner – et dans toute maison, même les plus chics, on trouve un objet : une boule à neige.
L’artiste invite l’historien à s’emparer de ce monument de la culture populaire pour en faire un spectacle très sérieux sur ce que l’on a envie de retenir, près de soi, surtout en cas de forte tempête.

« On renverse le monde et on voit ce qu’il se passe »

Nous voici assis en rond, dans un petit théâtre de bois. Au centre, il y a une mini table sur laquelle est posée une mini tournette de scène. Nous sommes entouré·e·s de centaines de boules à neige toutes plus folles les unes que les autres. Tout (ou presque tout, on l’apprendra) est mis sous cloche : Bruxelles, Marseille, Paris, Venise, Rome, le Festival de Cannes, le Maroc, le Grand Palais, le Kama Sutra, l’OM, Minnie et Mickey, séparément ou ensemble, bref, beaucoup.
Nous le comprenons, nous sommes devenu·e·s une seule boule à neige, prête à être renversée et tourneboulée par les bourrasques de talents et d’espièglerie de ce duo presque clownesque.

« Il suffit de faire le geste et d’y croire »

Un artiste super connu et un médiéviste star, clownesques ? Croyez-nous, c’est le cas. Ils vont décortiquer leur objet d’étude. Vous le savez, El Khatib ne fait que du théâtre documentaire. Boucheron dit d’ailleurs : « Le théâtre documentaire, c’est un théâtre de vérité ». En professeur merveilleux, Boucheron sait capter notre attention d’un mouvement de bras et d’un regard brillant. Les sources de ce documentaire particulier sont les collectionneurs et collectionneuses et leurs trésors. El Khatib est allé à leur rencontre, et le moins qu’on puisse dire, c’est que tous et toutes pensent détenir la vérité. La boule originelle ? Parisienne bien sûr. Ah non, alpine. Ou bien nivernaise… De Los Angeles à Paris, il a trouvé des gens qui cherchent les perles rares.

« Les retombées du passé blanchissent les ruines de l’avenir »

On va donc en apprendre des tonnes sur l’histoire de cet objet, mais bien évidemment, ce n’est pas le sujet. Chez Mohamed, le seul sujet, c’est l’intime. Ces boules sont « une enfance à portée de main », « l’archéologie de notre tendresse », même.
L’archéologie de notre tendresse… Que c’est beau, ça…
Donc. Une boîte à souvenirs qui se retourne, qui ne bouge pas si on ne l’active pas. Une tempête, oui, mais une tempête qui explose et éclate seulement si elle tombe au sol.
Si on y fait attention, alors elle peut retenir longtemps des tonnes de souvenirs. On apprend que certains y glissent des cendres… d’autres des photos de mariage. On comprend qu’en regardant ce micro temple du kitsch, on peut saisir une époque, la tenir dans la paume de sa main. Les tours du World Trade Center et un avion d’Iran Air.
Là, Boucheron sait : la compagnie a été arrêtée quand les mollahs ont pris le pays en 1979. Jusqu’à aujourd’hui (peut-être vont-ils tomber avant la fin des représentations, qui sait ?), et sur cette archive – oui, la boule à neige comme archive – on voit les deux tours du World Trade Center debout. Nous sommes donc avant 2001, cela, les novices peuvent le voir. Mais pour comprendre qu’elle a été faite avant 1979, il faut avoir avec soi un regard d’historien.

« L’archéologie de notre tendresse »

Peut-on tout encapsuler ? Eh bien non. À commencer par les vivant·e·s. Et puis il y a l’après. Cette boule-là, achetée à ce moment-là alors que le moment n’existe plus, qu’il est passé. C’est si juste, cette archéologie de notre tendresse – pardon d’y revenir.
La boule à neige est silencieuse, elle ne prend pas de place. À part si, comme ce collectionneur américain, vous en possédez des dizaines de milliers. Elle est le réceptacle de nos émotions et elle est très réconfortante. Vous n’avez qu’à la toucher, la prendre et la retourner pour que la magie opère, encore et à nouveau, pour toujours même. On a vu hier des flocons tomber sur ces décors en carton fragile, être encore debout depuis plus d’un siècle. Il est aussi question de deuil, de perte, et parfois d’actes irréparables. Car Boule à neige est un spectacle de Mohamed El Khatib où, à un moment, toujours, on pleure.

À voir les 18, 19, 24, 25 et 26 juin 2025, au Grand Palais

Informations et réservations

Visuel : © Yohanne Lamoulere