Qu’est-ce que l’on attend d’un spectacle ? De ce que raconte une histoire ? Combien de temps peut-on garder l’attention d’un spectateur ? Le collectif impatience se saisit de ces questions dans une pièce qui fait monter la tension dramatique, et nous invite à entrer dans l’expérience de la vie qui arrive sur le plateau.
Ils sont deux comédiens mais ils ne parlent pas. Ils nous parlent mais avec une bande enregistrée. Ils disent eux même que c’est assez tordu. Mais ils expliquent que c’est par soucis d’honnêteté. Nous qui pensions que le théâtre c’était surtout la parole. Bien au contraire ! Qu’est-ce que ça peut bien faire à des comédiens de ne pas parler ? Que faire de son corps ? Tout prend de l’ampleur. Chaque geste est scruté. Notre attention est mise à l’épreuve.
Il parait que dans une salle de classe, pour capter l’attention des élèves, il faut raconter une anecdote personnelle toutes les 20 mn. Au Japon, la culture de l’attention est très différente, apprend-on. On peut s’endormir pendant un spectacle, ce n’est pas mal vécu. On cultive l’attention à ce qui est invisible. Mais devenir invisible, disparaitre… comment est-ce possible aujourd’hui avec le numérique ?
C’est à toutes ces questions que nous invitent à réfléchir Olivier Borréel et Perrine Mornay, créateur de ce spectacle. « C’est une expérience visuelle » explique cette dernière, « car nous avions envie de travailler sur cette question de l’attention, mise en lien avec la tension dramatique, en déplaçant le rôle du spectateur et en proposant quelque chose de sensoriel et d’organique ». Une interrogation sur ce qui fait spectacle et qui brouille les pistes. La temporalité même du lieu est transposée grâce à un procédé astucieux de témoignage d’une personne ayant vécu une expérience dans le même endroit mais dans un temps différent.
Jouant avec les absurdités de notre société, le collectif IMPATIENCE s’amuse à décortiquer nos émotions, nos pensée et nos choix, qu’ils soient ou non volontaires, et plus ou moins réfléchis. Grâce à une forme dépouillée et une profondeur accessible, le propos fait mouche et résonne longtemps après les applaudissements.
Conférence de la TTension, à la Chartreuse de Villeneuve les Avignon, création sonore Sébastien Rouiller ; création lumière et régie générale Jérémie Gaston Raoul ; regard extérieur Jeanne Moynot ; regard chorégraphique Fanny de Chaillé ; collaboration dramaturgique Vanessa Vallée ; assistanat à la mise en scène Mélicia Baussan ; administration et développement Flavia Amarrurtu ;diffusion La Loge. Avec le théâtre du Train bleu, à 17h jusqu’au 23 Juillet, les jours impairs.
(c) Hervé Bellamy