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Avignon off : À la recherche d’un chat sauvage et des sources historiques et intérieures du racisme

par Paul Fourier
08.07.2024

Blandine Savetier et Waddah Saab ont adapté la nouvelle de Marie Ndiaye, Un pas de chat sauvage, dans laquelle une narratrice, aidée d’une mystérieuse femme et artiste noire, s’engage dans une enquête qui fait resurgir un passé encore marqué par un racisme institutionnel. Anne-Laure Segal, Natalie Dessay et Greg Duret sont brillants dans ce choc de cultures et d’époque.

Au démarrage, il y a une nouvelle de Marie Ndiaye, une nouvelle pleine d’énigmes et une part manifeste de fantastique, dans laquelle une narratrice, universitaire, bourgeoise et clairement pas dotée d’une empathie considérable pour le reste de l’espèce humaine, se prend de vouloir faire des recherches sur une certaine Maria Martinez, femme noire cubaine qui eut son moment d’attention, sinon de franche gloire, dans le Paris des années 1850. Cette femme n’est pas une invention de Ndiaye ; elle a réellement existé et a laissé une étrange trace dans l’histoire. Des écrits témoignent de sa vie d’artiste contrariée, des écrits qui fleurent bon le racisme d’une époque où les noirs sont, au mieux, considérés comme des curiosités et ne sont encore pas membres de plein droit ni de l’espèce humaine, ni de la bourgeoisie qui entretient avec les descendants d’esclaves une relation ambivalente… et franchement raciste. Donc, cette Maria Martinez a existé, mais… de multiples raisons l’ont empêchée d’être appréciée comme une réelle artiste. Elle semble n’avoir été qu’une part du décor de cabarets parisiens ou une part de décor de la vie du – forcément – bien plus estimable Théophile Gautier qui en dit du bien, lui écrivit une chanson… mais la traita de « macaque ».

 

Qui donc fut cette femme ? La narratrice aimerait le savoir, mais, si, en bonne universitaire, elle peut réaliser des recherches, est-elle vraiment, elle la bourgeoise blanche du XXIe siècle, en mesure d’aller au-delà de l’image d’Épinal, et d’appréhender ce que fut réellement Maria, ce qu’elle vécut et endura, ce qu’elle ressentit. On la surnommait la « Malibran noire », la « Malibran de La Havane » ; elle était aussi inévitablement, dans l’esprit de ses contemporains, la « Malibran nègre ».

Et si la narratrice n’emploie évidemment jamais ce qualificatif, certains de ces propos montrent, malgré tout, qu’un fil la relie à ses ancêtres du XIXe siècle qui usait, sans honte, de ces mots.

 

La narratrice (Natalie Dessay revêche, avec des certitudes bien accrochées) se retrouve en contact avec une certaine Marie Sachs qui surgit dans sa vie d’étrange manière ; elle est chanteuse (mais fait appel à un vocabulaire artistique surprenant) ; elle est noire ; mais qui est-elle en fait ? Quel est son degré de proximité avec Maria ? En serait-elle une forme de réincarnation ? C’est ce que le récit va nous tenter de nous faire approcher sans jamais réellement nous donner la réponse formelle et définitive.

 

L’aérienne et la terrienne

 

Si le récit énigmatique de Marie Ndiaye (que de Marie dans ce récit, Marie ce prénom fondateur et générique, ce prénom de mère du christ ou, accolé à Madeleine, symbole de « mauvaise vie ») est beau par le mystère qui en émane, la metteuse en scène, Blandine Savetier, accompagné de Waddah Saab, son dramaturge, a su l’adapter en conservant une part d’irréel dans une ambiance crépusculaire. Car si Maria (ou Marie) est ce chat sauvage qui sort au crépuscule pour chasser la nuit, Anne-Laure Segal en est l’incarnation féline, indubitablement « sauvage », porteuse de ces origines africaines que Joséphine Baker assuma si fortement toute sa vie durant. Comédienne, chanteuse, danseuse, Segal est magnifique et mystérieuse. Elle déconcerte la narratrice, happe son esprit et le nôtre avec. Et elle peut s’appuyer sur un complice, un compositeur et musicien talentueux, Greg Duret, qui surgit pour l’accompagner parfois à la manière d’un sorcier.

Tant Segal est aérienne, tant Natalie Dessay incarne son personnage en terrienne sans fantaisie, ancrée dans le sol, prisonnière de son monde de certitudes, un monde qui se fracasse devant l’insaisissable être dont elle n’a pas les clés. Dans ce rôle décidément ingrat par la sécheresse humaine qui s’en dégage, elle est si juste qu’elle nous met mal à l’aise comme si, avec son attitude rigide, sa coiffure, son maquillage et sa tenue austères (alors que Marie Sachs, extravagante, est en métamorphose permanente), elle nous renvoyait une part de notre reflet encore pétri d’un passé excluant que nous peinons à regarder en face. Cette femme qu’elle interprète a tant de chemins à faire pour saisir qui est Maria Martinez, ses gestes sont délibérément lourds, ses yeux s’écarquillent devant l’inconnu, son esprit cartésien s’embrouille et, finalement, comme au bout de sa vie, Dessay semble arracher d’elle-même, enfin !, une empathie qui lui était possiblement étrangère.

Outre la performance de Dessay, on appréciera cette ironie à retrouver l’artiste, qui marqua exceptionnellement et durablement la planète lyrique, incarner un personnage qui tente d’approcher la « Malibran de La Havane » ; et il est également ironique, et fort touchant, d’entendre Dessay interpréter (de sa voix naturelle) une chanson cubaine (Cuando Salí de Cuba) comme si, d’une part, la narratrice pensait pouvoir plus sûrement aussi pénétrer l’esprit de Maria Martinez, la Cubaine et, d’autre part, prendre conscience du cruel exil de Maria vis-à-vis de son pays, vis-à-vis de ses racines.

 

La mise en scène de Blandine Savetier est simple, chargé de peu d’accessoires, d’un piano qui semble s’être ensablé comme un passé que certains aimeraient recouvrir. D’un rideau aussi, rideau de scène qui dévoile l’artiste derrière la femme, d’un rideau aussi qui pourrait bien être destiné à cacher les coulisses bien peu reluisantes de la vie que Maria Martinez retrouvait lorsqu’elle avait fini son tour de chant. D’ailleurs, la narratrice va bien tenter d’arracher ce rideau. Elle n’y parviendra qu’à moitié…

Mais au-delà du décor, ce qui subjugue, avant tout, ce sont les mouvements parfois dansants, parfois retenus, qui, par leurs contrastes, posent le rythme temporel et psychologique de cette drôle d’histoire.

 

Fréquemment, à Avignon, on entre dans un jardin, on pousse la porte d’un théâtre, on croit se retrouver devant des actrices et des acteurs. Et finalement, c’est notre vie et notre histoire qui nous font face par le truchement de l’une de nos contemporaines qui, happée dans le tourbillon du temps, croit faire son métier de chercheuse et part à la rencontre d’un passé douloureux. C’est ça la magie du théâtre, c’est ça la magie des artistes. Il faut pousser la porte… et aller voir Un pas de chat sauvage au théâtre des Halles.

Crédit photos : Régis Espanet