Au Train Bleu, Elsa Couvreur seule en scène nous plonge dans un duo avec un répondeur aux accents dictatoriaux qui la laisse sans voix. Délicieux.
Tout commence avec la mélodie de L’Hymne à la joie de Beethoven en version musique d’attente de répondeur. Elle a tout l’air d’être là pour un entretien d’embauche. Jupe crayon, chemisier en soie, collants et petits talons, elle doit avoir des vues sur un poste administratif.
Mais voilà que cette attente interminable commence à la rendre dingue. Dans un dispositif proche de celui de Joris Lacoste dans L’Encyclopédie de la parole, elle se met à lipsynquer tout un monde de la culture pop en multilingue. Elle est parfaite dans l’exercice, et cela aurait pu durer une heure, qu’on aurait crié de grands bravos.
Elsa Couvreur ne se contente pas de ce florilège de citations bien articulées, elle avance dans un pas de deux tordu et tortueux avec cette boîte vocale très dominatrice. On rit beaucoup, au début, face à ce que la machine nous fait faire, oui, à nous, qui avons tou·te·s déjà eu affaire à une voix qui vous demande d’appuyer sur la touche six avant de vous raccrocher au nez.
Elle va évidemment pousser le jeu à son maximum, allant jusqu’à une séance d’humiliation qui ne nous fait plus rire du tout. Ce faisant, elle nous confronte aux limites morales du monde du travail.
De quoi sommes-nous capables pour accepter un job ?
Si vous voulez savoir, allez la voir.
Du 5 au 24 juillet à 14h05 (1h05), relâche les 11 et 18, au Train Bleu , salle 2.
Le Festival d’Avignon se tient jusqu’au 26 juillet. Retrouvez tous nos articles dans le dossier de la rédaction.
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