Abordant les thèmes de l’abandon et des violences conjugales, la compagnie Perséphones nous offre à la scène parisienne, du 14 juillet au 26 août, une création originale aussi juste que poétique.
« Alma, c’est Louis, Rose, Scylla, Guillaume, Daphné. À la dérive, tous traversent le grand vide, cet espace hors du temps où les frontières du réel et de l’illusion s’entremêlent et où ils cherchent à retrouver leur cohérence. Dans leur errance, une seule chose en commun : le visage d’Alma. »
Daphné rencontre Alma lors d’une soirée : cette dernière n’ayant nulle part où dormir, Daphné lui propose de rester avec elle dans le foyer qu’elle dirige, pour les personnes victimes de violences. Nous y rencontrons Scylla, Arthur, Rose : l’écriture de l’autrice et metteuse en scène, Marie Dubois Poulain, qui interprète Daphné, donne à chaque personnage une densité admirable. Leur caractère s’exprime à merveille, souvent, dans une phrase qu’ils ont tendance à répéter tout au long de la pièce.
Je dis « la pièce », mais il s’agit plus que jamais d’un spectacle vivant, mêlant théâtre, danse et voix off ou plages sonores. Les chorégraphies de style contemporain, signées Matteo Reggiori, sont particulièrement réussies lors des scènes de violence.
Il faut aussi souligner le travail d’Ariane Jeannesson à la lumière qui, allié aux chorégraphies, crée des tableaux d’une beauté remarquable. En bref, tout est excellent : gestion de l’espace, mise en scène, écriture, danse, jeu des comédiens. La pièce dure 1h45 et, croyez-moi, vous ne voyez pas le temps passer. Les jeux d’échos dans l’écriture, dont les phrases répétées par chaque personnage ne sont qu’un exemple, contribuent à cela, témoignant d’une excellente maîtrise narrative qui nous tient en haleine.
Alma réussit le tour de force de traiter des violences conjugales dans une forme poétique. Malgré la gravité des thématiques abordées, la pièce n’est pas non plus sans humour, disséminé ça et là quand il faut, autant qu’il le faut. La beauté de l’oeuvre permet de sortir du théâtre pensif et admiratif, plutôt que triste et désespéré.
Tous les lundis et mardis à 21h15 du 14 juillet au 26 août au théâtre de la scène parisienne
À partir de 13 ans
Écriture et mise en scène : Marie Dubois Poulain
Assistante mise en scène : Léana Nolan
Acteurs : Ninon François (Alma), Basile Jean (Guillaume), Lisa Templeraud (Rose, mère de Louis), Marie Dubois Poulain (Daphné), Hugo Zorer (Valdes, Arthur), Cecilia Gully ou Alicia Brudey (Scylla), Maël Alvestegui ou Théo Brugnans (Louis)
Chorégraphies : Matteo Reggiori
Assistance chorégraphe : Camille Gesbert
Création Lumière : Ariane Jeannesson
Photographie affiche : Alice Murillo
Visuel : © Affiche du spectacle