Une bonne histoire est un spectacle sur un immense scandale : l’infiltration d’espions engagés par Nestlé au sein du collectif Attac en Suisse.
Le contexte est le suivant : entre 2003 et 2005, un groupe d’altermondialistes s’est réuni, au domicile de plusieurs de ses membres, pour écrire un livre critiquant Nestlé. Sara, Gerard et Shanti participaient activement à cette rédaction, sauf que… il et elles étaient des espions.
Faire du théâtre à partir d’un scandale politique est un classique. La pièce la plus célèbre en la matière est sans doute Mon cœur de Pauline Bureau sur le scandale du Mediator. Comment une grosse société peut-elle devenir le diable ? Comment peut-elle prendre des gens pour des marionnettes ?
C’est ce médium qu’utilisent, avec un vrai castelet et une marionnette à gaine, Joëlle Fontannaz et Claire Forclaz. Elles nous présentent un témoin tout en chiffon qui raconte comment ces militant.e.s ont échangé, partagé et se sont même pris d’amitié pour ces trois individus parfaitement intégrés.
La scénographie utilise des néons assez kitsch qui disent bien l’absurdité de ce monde-là. La pièce vaut plus sur le fond que sur la forme. Elle donne envie de se ruer sur Internet et de taper « affaire Nestlé Securitas ». C’est affolant. Qui se souvient encore de ça ? Le matériel de cette pièce pourrait faire déborder le récit, mais cela n’arrive pas. L’ensemble est resserré par la forme d’un récit rapporté, on ne voit jamais les infiltré.e.s.
Une bonne histoire pointe plus le traumatisme pour les victimes abusées moralement que l’affaire en elle-même. Elle raconte ce qui nous dépasse, les ressorts d’un capitalisme qui s’autorise tout, au mépris des vivant.e.s.